Les efforts du nouveau chef de la direction de Valeant pour rassurer les investisseurs n'ont pas empêché l'action de la pharmaceutique de s'échanger à son plus bas niveau en près de six ans, mardi, après que l'entreprise eut abaissé ses prévisions pour l'exercice en cours et dévoilé des résultats trimestriels décevants.

Malgré les enquêtes aux États-Unis en raison de hausses de prix vertigineuses de certains médicaments, un remaniement du conseil d'administration ainsi que des inquiétudes entourant la dette de la société, Joseph Papa a tenté de convaincre les analystes que Valeant serait bientôt sur la bonne voie.

«Je crois que nous avons un bel avenir devant nous même s'il y a manifestement des obstacles à surmonter», a-t-il expliqué, dans le cadre de sa première conférence téléphonique depuis son arrivée aux commandes, il y a environ un mois.

«Malheureusement, des éléments négatifs externes continuent d'affecter notre réputation avec les patients, les médecins et vous, les actionnaires», a ajouté M. Papa.

Celui qui a succédé à Michael Pearson estime avoir besoin de trois à six mois pour «stabiliser» Valeant avant de déployer son «plan de transformation» devant s'échelonner sur plusieurs exercices.

«Les dernières années ont été difficiles pour tout le monde, mais nous allons faire ce qu'il faut pour solidifier la compagnie», a dit M. Papa.

Ces commentaires n'ont toutefois pas freiné la dégringolade de l'action de Valeant, qui s'est temporairement négociée à 28,82 $ - un creux depuis décembre 2010 - en début de séance, à la Bourse de Toronto. Le titre a clôturé à 31,47 $, en baisse de 5,53 $, soit 15 %.

Pour l'exercice 2016, Valeant s'attend désormais à ce que ses revenus oscillent entre 9,9 milliards $ US et 10,1 milliards $ US ainsi qu'à un profit ajusté par action dans une fourchette de 6,60 $ US à 7,00 $ US.

Ses prévisions précédentes faisaient état de revenus d'environ 11 milliards $ et d'un profit ajusté par action d'entre 8,50 $ US et 9,50 $ US.

Valeant a également dévoilé ses résultats du premier trimestre, dont la publication avait été retardée. La pharmaceutique avait jusqu'à la fin du mois de juillet pour divulguer sa performance financière afin d'éviter de se retrouver en situation de défaillance.

Pour la période de trois mois terminée le 31 mars, la société a affiché une perte nette de 373,3 millions $ US, ou 1,08 $ US par action, en baisse de 37 % par rapport à la même période l'an dernier.

En excluant les éléments non récurrents, Valeant a engrangé un profit ajusté de 442,6 millions $ US, ou 1,27 $ US par action, en baisse comparativement à celui de 704,2 millions $ US, ou 2,05 $ US par action il y a un an.

Stimulés par les acquisitions, les revenus ont toutefois affiché une progression de neuf %, à 2,37 milliards $ US.

Cette performance s'est avérée en deçà des attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un profit ajusté par action de 1,37 $.

M. Papa a admis que le secteur dermatologique de la société lavalloise ne répondait pas aux attentes et que l'entente de distribution de 20 ans signée plus tôt cette année avec Walgreens aux États-Unis avait rencontré des écueils.

Longuement questionné, ce dernier a répété qu'il était possible de fixer ces problèmes, assurant au passage que Valeant n'aurait pas de difficulté à répondre aux exigences entourant le remboursement de sa dette cette année.

M. Papa a également indiqué qu'il comptait conserver des actifs stratégiques comme Bausch & Lomb, Salix, la division de dermatologie ainsi les médicaments destinés aux troubles gastro-intestinaux.

Celui-ci prévoit se délester d'activités moins importantes afin de rembourser la dette de l'entreprise et de simplifier son modèle d'affaires.

Neil Maruoka, de Cannacord Genuity, a estimé que M. Papa avait notamment tenté de minimiser les attentes à l'égard de Valeant à moyen terme.

Même si le risque de défaillance ne semble plus pointer à l'horizon, l'analyste croit que la révision à la baisse des prévisions pour l'exercice 2016 réduit considérablement la marge de manoeuvre de la pharmaceutique.

«Si Valeant continue à retrouver le chemin de la croissance l'an prochain, nous pourrions devoir (réévaluer) les risques entourant la dette pour 2017», souligne M. Maruoka, dans un rapport.

Valeant a par ailleurs annoncé le transfert vers Laval de la production nord-américaine d'Arestin, un traitement antibiotique pour une maladie des gencives. Cette décision se traduira par un investissement de 2,5 millions $ et l'ajout de 15 nouveaux postes.