Le plongeon des prix de l'or noir a englouti les bénéfices de la major pétrolière Chevron, qui a essuyé sa première perte trimestrielle en 13 ans et promis de durcir sa cure d'austérité pour limiter la casse.

Sur les trois derniers mois de l'année, le groupe accuse une perte de 588 millions de dollars, contre un bénéfice net de 3,47 milliards à la même période un an plus tôt, selon des résultats publiés vendredi.

Hors éléments exceptionnels et rapportés par action, Chevron essuie une perte de 31 cents, contre un bénéfice de 46 cents espérés par les marchés.

C'est la première fois depuis le troisième trimestre 2002 que Chevron perd de l'argent. À Wall Street, le titre reculait de 1,59 % à 84,46 dollars dans les premiers échanges.

Sur l'année 2015, le bénéfice net a été divisé par plus de quatre à 4,59 milliards de dollars.

« La baisse substantielle de nos résultats 2015 comparé à l'année précédente reflète le déclin de près de 50 % des prix du pétrole sur un an », a commenté le PDG John Watson.

Chevron est plus sensible aux fluctuations des cours de l'or noir que son rival ExxonMobil parce que 67 % de sa production est constituée de pétrole.

Le groupe a dû inscrire une provision de 1,1 milliard de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre pour dépréciations d'actifs et confirmé le ralentissement de l'activité dans le secteur sur fond d'offre de brut abondante.

Le chiffre d'affaires a fondu: il ressort à 138,48 milliards de dollars sur l'année, en chute de 34,7 %, et à 29,25 milliards sur le dernier trimestre, en diminution de 36,5 %.

Annonces fin février 

Sans grande surprise, les activités de l'amont (production-exploration pétrolière) ont accusé une perte de 1,96 milliard de dollars en 2015, contre un bénéfice net de 16,89 milliards en 2014.

La perte de cette division, vache à lait des majors, est due à un effondrement de l'activité pétrolière aux États-Unis, aux dépréciations d'actifs et à de faibles gains générés par les ventes d'actifs.

Le raffinage (aval) a échoué à compenser, comme en 2015, le recul dans l'exploration: le bénéfice annuel de cette activité a certes augmenté de 75,3 % à 7,61 milliards de dollars mais c'est loin du doublement observé en 2014.

Traditionnellement, quand les prix du brut sont bas, les coûts de traitement sont allégés, ce qui profite aux raffineurs comme Chevron, qui est également propriétaire de stations-service.

La production du groupe a atteint sur l'année 2,62 millions de barils par jour (mbj), en hausse de 2 % sur un an, grâce aux champs américains et bangladeshis. Elle était de 2,67 millions de mbj au quatrième trimestre, en hausse de 3,5 % sur un an.

En attendant les résultats d'ExxonMobil le 2 février, la plupart des entreprises du secteur aux États-Unis ont annoncé des performances décevantes.

Pour préserver ses bénéfices, Chevron promet de durcir sa cure d'austérité.

« Nous sommes en train de prendre des mesures importantes pour améliorer nos résultats et notre trésorerie dans l'environnement actuel de prix bas. Les dépenses opérationnelles et autres frais ont été réduits de 9 milliards en 2015 comparé à 2014 et je prévois des réductions [de coûts] de même ampleur en 2016 », a déclaré John Watson.

La major, qui promet des annonces le 25 février, prévoit de vendre des actifs et va continuer à supprimer des emplois. En octobre, Chevron a annoncé la suppression de 6000 à 7000 emplois supplémentaires, soit quelque 10 % de ses effectifs.

L'entreprise a aussi abaissé de 24 % à 26,6 milliards de dollars ses investissements pour 2016. Ils devraient être compris entre 20 et 24 milliards pour les deux années suivantes (2017 et 2018).

Analystes et experts plaident, eux, pour une consolidation du secteur pétrolier, laquelle verrait les « gros » avaler les « petits », à l'instar du mariage à 47 milliards de dollars annoncé en 2015 entre la société anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et le groupe d'hydrocarbures britannique BG Group.