«On a fait beaucoup d'erreurs dans les 12 premiers mois», a admis mercredi Alexandre Taillefer, à propos de la gestion de Téo. «Elles nous ont coûté cher.»

Première erreur : ne pas avoir suffisamment testé le potentiel des voitures électriques. «On aurait dû tester 12 mois avec une petite flotte et apprendre, estime l'entrepreneur, qui a répondu par courriel aux questions de La Presse. On serait sûrement en vie.»

D'autres erreurs commises très tôt ont fait mal. «On a dû scrapper l'application initiale réalisée par un tiers qui n'a jamais fonctionné, on a mis trop de bornes de recharge lentes et pas assez de bornes rapides, on a acheté des écrans de télé et développé un dôme qui devait être dynamique sans avoir d'ententes pour la vente de publicités et, surtout, avoir fait un bon plan d'affaires. En d'autres mots, on s'est attaqués à tout en même temps.»

Tout cela s'est répercuté sur les coûts d'exploitation de l'entreprise. En entrevue avec Paul Arcand, mercredi matin, M. Taillefer a dévoilé que le point d'équilibre pour Téo était un revenu horaire de 30 $ de l'heure par voiture, «plus que ce que l'on pensait au début». Elle était récemment parvenue à atteindre 25 $ de l'heure.

De «gros joueurs» aux aguets

Tout n'est peut-être pas perdu pour Téo, affirme toutefois M. Taillefer. La plateforme technologique conçue par l'entreprise, et non l'application elle-même, téléchargée environ 300 000 fois, présente un intérêt certain pour plusieurs entreprises, estime-t-il. «Algorithmie pour améliorer la productivité, gestion des recharges, repositionnement, dispatch, et j'en passe : la plateforme serait géniale pour gérer des parcs de véhicules électriques même en dehors du taxi. C'est ce qui a intéressé les gros joueurs. On était vraiment proches d'obtenir des lettres d'intention de joueurs internationaux.» L'espoir à ce chapitre n'est pas complètement éteint. «Ça peut toujours arriver, on sait que des choses se trament.»

L'équipe d'environ 24 personnes responsable de cette plateforme est toujours en place, pour l'instant. «Ils sont sur le respirateur artificiel, on doit leur donner de l'air.» Le premier ministre François Legault a semblé démontrer une certaine ouverture à ce sujet, mercredi. «S'il y avait un repreneur [pour la division technologique de Téo Taxi], on pourrait examiner la possibilité d'aider ce repreneur. Mais on veut [surtout] réorienter Investissement Québec pour créer des emplois de plus de 50 000 $ par année. Si on parle des chauffeurs de taxi à 15 $ de l'heure, ce ne sont pas des emplois à 50 000 $», a dit M. Legault.

Terminé pour la politique

Son implication dans la dernière campagne électorale provinciale à titre de président de la campagne libérale a nui à Téo, estime M. Taillefer, parce que «les fonctionnaires sont devenus beaucoup plus prudents». Dans ce contexte, l'homme d'affaires a annoncé mercredi matin, dans au moins deux entrevues téléphoniques, qu'il n'avait plus l'intention de se présenter à la prochaine course à la direction du Parti libéral. Il ne met pas pour autant un point final à ses ambitions politiques. «L'avenir est long, disait de Gaulle», nous a-t-il répondu à ce sujet. Avec Hugo Pilon-Larose

Cartes prépayées : sort incertain

Les détenteurs de cartes prépayées vendues par Téo ignorent encore ce qu'il adviendra du solde de celles-ci. «C'est désolant de constater que ça a été fait comme démarche de dernier recours pour augmenter leur liquidité, nous a écrit mercredi Marie-Hélène Borduas, une lectrice qui s'était procuré une telle carte récemment, en décembre. Ça frôle même un peu l'arnaque, je dirais.» «Taxelco souhaiterait honorer ses cartes-cadeaux par l'entremise de Taxi Diamond, a répondu mercredi une porte-parole de l'entreprise.

Toutefois, des discussions et des analyses sont encore en cours en lien avec notre processus de cessation des activités de Téo Taxi. C'est pourquoi il est impossible de fournir davantage de détails. "Nous avons toujours travaillé pour offrir un service de qualité à nos clients. Jamais, nous n'avons eu l'intention de flouer nos clients alors qu'ils sont au coeur de notre stratégie de développement. Malgré les difficultés rencontrées, notre intention a toujours été de maintenir les activités. La décision de cesser les activités n'a été prise que très récemment.»