Un consortium mené par Air Canada est finalement parvenu à une entente afin de racheter le programme de fidélisation Aéroplan des mains de son propriétaire, Aimia.

Si cet accord annoncé mardi a été accueilli favorablement par la plupart des analystes financiers, il soulève néanmoins de nombreuses questions entourant l'avenir de la société montréalaise actuellement propriétaire d'Aéroplan.

Complété par la Banque TD, la Banque CIBC ainsi que Visa Canada, le consortium versera 450 millions en espèces en plus de prendre en charge le passif des milles non échangés, ce qui est évalué à environ 1,9 milliard.

«Nous sommes heureux de constater qu'un accord de principe est survenu et que les membres Aéroplan peuvent continuer d'accumuler et d'échanger des milles en toute confiance», a souligné au nom du consortium le président et chef de la direction d'Air Canada, Calin Rovinescu, par voie de communiqué.

Aimia avait rejeté l'offre initiale déposée en juillet alors que le groupe proposait 250 millions en espèces.

L'accord a fait décoller le titre d'Aimia à la Bourse de Toronto, qui a pris 37 cents, ou 9,64 %, pour clôturer à 4,21 $.

L'analyste Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, a dit qu'il se «demandait comment Aimia pouvait être si optimiste à l'endroit de son plan B tout en fixant une valeur relativement faible pour Aéroplan».

La clôture de la transaction est prévue d'ici la fin de l'automne.

Des appuis

L'entente a obtenu le soutien du conseil d'administration d'Aimia et de Mittleman Investment Management - le plus important actionnaire de la société montréalaise. Les actionnaires ainsi que les autorités réglementaires devront chacun donner leur feu vert.

Mittleman, qui détient une participation de 17,6 % dans Aimia, a justifié son appui en affirmant qu'il s'agissait du «meilleur résultat possible» pour les parties impliquées.

Dans un communiqué, la firme d'investissement new-yorkaise a indiqué que cette transaction allait permettre à Aimia d'avoir plus de 1 milliard à investir ailleurs.

Plus tôt ce mois-ci, dans une lettre envoyée au conseil d'Aimia, le chef des investissements chez Mittleman, Christopher Mittleman, avait critiqué l'offre bonifiée en espèces de 325 millions $ déposée par le consortium, la qualifiant de «coercitive» et «manifestement inadéquate».

Mittleman estimait qu'Aimia devrait refuser toute proposition inférieure à 1 milliard.

Plusieurs questions

La transaction annoncée mardi vient ébranler les ententes qui avaient été récemment conclues avec Air Transat, Flair Airlines et Porter Airlines. Aimia avait également discuté avec l'alliance de compagnies aériennes Oneworld.

De nombreuses questions entouraient Aimia depuis l'an dernier, quand Air Canada avait annoncé son intention de ne pas renouveler son partenariat avec Aimia afin de mettre en place son propre programme de fidélisation en 2020.

Les analystes prévoient qu'environ 1000 employés d'Aéroplan - qui représentent environ 60 % de l'effectif d'Aimia - pourraient passer dans le giron d'Air Canada après la clôture de la transaction.

Aimia détient également une participation de 48 % dans le programme de fidélisation d'Aeromexico, PLM, et possède 20 % du programme d'Air Aisia.

«Avec la vente d'Aéroplan, les yeux des actionnaires d'Aimia seront tournés vers la stratégie de la compagnie en matière de déploiement du capital», a estimé Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, dans un rapport.

À l'origine, Aéroplan était le programme de fidélisation maison du plus important transporteur aérien au pays. Il avait été essaimé en tant qu'entreprise indépendante en 2005.

Depuis 2014, la Banque TD est le principal partenaire de la carte Visa d'Aéroplan. La CIBC continue aussi d'offrir des points de récompense Aéroplan qui peuvent être échangés contre des vols d'Air Canada et d'autres articles.