Pour la première fois de son histoire, Bombardier (T.BBD.B) a enregistré des profits d'un milliard de dollars.

Toutefois, une dramatique chute des commandes chez Bombardier Aéronautique a assombri ses solides résultats annuels et ont forcé la direction à annoncer 3000 mises à pied, dont 1030 à Montréal.

Le marché a réagi de façon positive. L'action de catégorie B de Bombardier a décollé de 10% pour atteindre 3,35$ à la Bourse de Toronto hier.

Au quatrième trimestre de l'exercice 2008-2009, Bombardier Aéronautique n'a enregistré que six commandes nettes, comparativement à 213 pour le même trimestre de l'exercice précédent.

 

Les avions commencent à s'empiler dans ses stationnements. L'avionneur a terminé l'exercice avec des stocks de 19 avions neufs et 29 avions d'occasion, d'une valeur de 448 millions US.

«À la dernière minute, les gens ne peuvent pas payer l'avion qu'ils ont commandé», a expliqué le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, au cours d'une téléconférence hier.

L'avionneur avait terminé l'exercice précédent avec des stocks de 13 avions d'occasion. Il s'agissait essentiellement d'avions que des clients échangeaient lorsqu'ils prenaient possession de nouveaux appareils.

En février dernier, Bombardier avait annoncé une réduction de 10% de la livraison d'avions d'affaires, ce qui devait entraîner la perte de 1360 emplois, dont 710 à Montréal. Elle a agi rapidement: elle déjà procédé à 90% de ces mises à pied.

Mais ce n'était pas suffisant. Bombardier a fait savoir hier qu'elle devra plutôt réduire ses livraisons d'avions d'affaires de 25% cette année. Elle devra également diminuer la cadence de production de ses biréacteurs régionaux au deuxième semestre.

Il faudra donc effectuer 3000 mises à pied de plus, soit 1030 à Montréal, 975 à Belfast, 475 à Toronto, 470 à Wichita et 50 à Querétaro, au Mexique.

«Nous reconnaissons l'impact que ces décisions auront sur nos collègues, elles ont été très difficiles à prendre, a déclaré M. Hachey. Mais elles sont nécessaires pour placer l'entreprise dans une position viable dans le climat actuel et pour aligner notre production sur la faible demande.»

La saignée pourrait se poursuivre si le marché continue à se détériorer.

«Nous espérons que le marché va se reprendre, nous espérons que nous n'aurons pas d'autres compressions à faire cette année, mais nous continuons à suivre la situation, et s'il faut agir, nous le ferons», a affirmé M. Hachey.

La direction de Bombardier a cependant indiqué qu'elle ne ralentira pas ses grands projets de recherche et développement. La CSeries et le Learjet 85 devraient entrer en service en 2013, comme prévu.

Le chef de la direction financière de Bombardier, Pierre Alary, a souligné que l'entreprise terminait l'exercice avec un bilan solide et qu'aucune dette ne viendra à maturité avant mai 2012.

«Nous sommes bien positionnés pour faire face à la situation actuelle», a-t-il affirmé.

La direction n'entend pas augmenter ou réduire le dividende de l'entreprise.

Les revenus de Bombardier ont grimpé de 13% pour s'établir à 19,7 milliards US à l'exercice 2008-2009, alors que le bénéfice net a triplé, passant de 317 millions à 1 milliard US.

La crise économique a cependant commencé à se faire ressentir au quatrième trimestre: les revenus ont progressé de moins de 2% pour atteindre 5,4 milliards US, alors que le bénéfice net a augmenté de près de 42% pour s'établir à 309 millions US.

«Nos deux divisions ne sont pas touchées de la même façon, a déclaré le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin. En aéronautique, les commandes ont ralenti de façon significative et les reports et annulations ont augmenté vers la fin de l'année, alors qu'au niveau du transport, notre robuste carnet de commandes devrait être moins touché par le ralentissement et les bases fondamentales du marché demeurent solides.»

Comme pour illustrer ces propos, Bombardier Transport a annoncé hier un contrat de 249 millions US pour la fourniture de 120 voitures automotrices Electrostar au Royaume-Uni.

Les revenus de la filiale ferroviaire devraient d'ailleurs dépasser ceux de la filiale aéronautique au cours de l'exercice actuel.

Le président de Bombardier Transport, André Navarri, a toutefois déploré le fait que les programmes de stimulation économique présentés par les différents gouvernement ne se soient pas encore traduits par des dépenses accrues dans le domaine des transports.

«C'est décevant, a-t-il déclaré. Ça n'a pas suscité de projets supplémentaires, sauf pour la Chine et, dans une moindre mesure, la France, où il y a du mouvement. Je ne suis pas sûr que cela va changer d'ici la fin de l'année.»