Après JPMorgan Chase, les banques américaines Bank of America et Citigroup viennent d'annoncer de confortables bénéfices mais, pour les experts, cette embellie ne signe pas encore la fin de la tourmente financière.

Pour la période mars-juin, JPMorgan Chase, première banque américaine par la capitalisation boursière, a vu son bénéfice grimper à 2,7 milliards de dollars. Bank of America a été bénéficiaire de 3,2 milliards et Citigroup de 4,3 milliards, selon leurs résultats publiés vendredi. Les trois banques ont bénéficié à plein d'un trimestre exceptionnel sur les marchés, qui a généré d'importantes recettes pour leurs activités de courtage.

Chez JPMorgan, le bénéfice des activités de courtage a ainsi presque quadruplé en un an.

Une performance «qui n'est sans doute pas un bon indicateur de ce qui se passe», avertissent les analystes de Deutsche Bank.

Si elle est sortie du rouge pour la première fois depuis le troisième trimestre 2007, Citigroup ne l'a dû qu'à la plus-value de 6,7 milliards enregistré lors de la cession partielle de sa filiale Smith Barney.

Mais c'est surtout du côté de la banque de détail que le bât blesse.

L'activité de banque pour les particuliers «suit exactement l'état de l'économie et de l'emploi», explique Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. «Il ne peut donc pas y avoir de miracle», note-t-il.

Cette semaine, la banque centrale américaine a indiqué que le chômage monterait plus que prévu, pouvant atteindre d'ici la fin de l'année 10,1% et devrait encore atteindre entre 9,5% et 9,8% l'an prochain.

La faiblesse de l'économie se traduit pour les banques par un coût des créances douteuses qui a parfois plus que doublé sur un an.

Les analystes de Deutsche Bank soulignent que, si l'on assiste «aux premiers signes de stabilisation des défauts de paiement chez les particuliers», il faut s'attendre à «une hausse des pertes associées aux crédits non payés au second semestre». Le pic est attendu pour «le 4e trimestre ou le 1er trimestre 2010», selon eux.

«C'est un problème pour des banques comme JPMorgan et Citigroup, qui ont toujours compté sur la banque de détail pour avoir une source stable de revenus», relève Charles Geisst, universitaire spécialiste de la finance au Manhattan College.

Selon M. Geisst, la santé de ces établissements sera menacée «tant que l'économie ne sera pas bien redressée, ce qui ne semble pas imminent».

Bank of America a averti que la faiblesse de l'économie affecterait ses performances le reste de cette année «et encore en 2010».

Autre source d'inquiétude pour les banques: la faiblesse continue de la banque commerciale, alors que nombre d'entreprises sont emportées par la crise.

Bank of America a ainsi souligné que les défaillances avaient progressé dans l'immobilier professionnel.

Etre très rentable «sera beaucoup plus dur au second semestre», a prévenu le directeur général de Bank of America Kenneth Lewis, rappelant que sa banque avait bénéficié de rentrées d'argent qui ne se reproduiront plus, comme la vente de parts dans la banque chinoise CCB.