L'agence de notation Moody's a confirmé mardi les cotes de crédit de la Caisse centrale Desjardins, mais y a accolé des «perspectives négatives», s'inquiétant des pratiques de gestion des risques de l'institution québécoise.

Lundi, le Mouvement Desjardins a déclaré un déficit record de 476 millions $ pour le trimestre terminé le 31 décembre et de maigres excédents de 78 millions $ pour l'ensemble de l'exercice 2008.

Dans une note publiée mardi, l'agence new-yorkaise a souligné qu'il s'agissait-là de «pertes significatives et inattendues». Elle rappelle que des investissements dans des fonds de couverture (hedge funds) et dans du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) sont en grande partie responsables des mauvais résultats.

Les pertes directement liées aux fonds spéculatifs et au PCAA ont totalisé 591 millions $ au quatrième trimestre et plus d'un milliard de dollars en 2008, «ce qui fait ressortir les risques associés aux produits financiers nouveaux et/ou complexes», a noté Moody's.

L'analyste Peter Routledge, du bureau torontois de l'agence, a estimé que les pertes de Desjardins «mettaient en évidence des faiblesses dans la surveillance des risques» propres aux produits financiers complexes.

Moody's a tout de même confirmé les cotes de Desjardins en raison de son «excellente capitalisation», de sa «bonne rentabilité» (en excluant l'impact du PCAA et des fonds spéculatifs), de ses actifs de qualité, de même que de sa présence «exceptionnelle» dans le marché québécois.

De plus, selon Moody's, l'exposition de Desjardins au PCAA et aux fonds spéculatifs est «gérable» vu les excédents et la base de capital du groupe coopératif.

D'après l'agence, Québec et Ottawa fourniraient un «appui implicite» à Desjardins dans l'éventualité d'un problème de solvabilité, ce qui est pris en compte dans l'établissement des cotes de crédit.

Moody's pourrait décoter Desjardins si le PCAA ou les fonds spéculatifs conduisaient à de «nouvelles pertes significatives», ou encore si la situation financière du Mouvement se détériorait à d'autres égards. L'agence a précisé mardi qu'elle n'entrevoyait pas une amélioration des cotes de Desjardins au cours des deux prochaines années.

Chez Moody's, Desjardins jouit de la cote Aa1 (la deuxième meilleure possible) pour les dépôts à long terme, de la cote P-1 (la meilleure) pour les obligations à court terme et de la cote C+ (une cote moyenne) à titre d'institution financière.

Un porte-parole de Desjardins, André Chapleau, a insisté sur le fait que Moody's a maintenu les cotes de crédit de l'institution. Selon lui, les mesures que la direction a prises au cours de la dernière année sont de nature à rassurer l'agence au plan de la gestion des risques.

M. Chapleau a indiqué que Desjardins détenait actuellement des positions d'environ 800 millions $ dans des fonds spéculatifs, dont 380 millions $ sont «à risque». En 2007, le total dépassait 6 milliards $.