Le capital de risque californien s'intéresse depuis longtemps aux entreprises en démarrage du Québec, mais aucune firme de la Silicon Valley ne s'était engagée dans l'écosystème montréalais jusqu'ici au point d'y ouvrir un bureau.

D'ici janvier, ce sera chose faite : Good AI Capital deviendra le premier fonds de capital de risque issu de la Silicon Valley à s'installer officiellement dans la métropole.

« Ça semble surréaliste que nous soyons les premiers », dit Milad Alucozai, partenaire fondateur de Good AI Capital.

« Beaucoup de firmes de la Bay Area investissent ici, mais elles n'ont jamais pris la peine d'établir une vraie relation avec l'écosystème local », ajoute son coassocié Darwin Ling.

La firme, dont le siège social se trouve à San Francisco, se spécialise dans l'investissement dans des entreprises d'intelligence artificielle à un stade précoce, notamment dans les secteurs de la santé, de la technologie financière et des logiciels d'entreprise.

Dotée de 40 millions US en capital, elle a été l'une des premières à miser sur SoFi, un service de prêt en ligne maintenant valorisé à 4,3 milliards US.

« Ouvrir un bureau ici, c'est une façon pour nous d'avoir les "deux mains dedans". En plus de notre argent, nous voulons investir notre temps et nos contacts pour aider les entreprises locales à connaître du succès. » - Darwin Ling, cofondateur de Good AI Capital

CHOIX ÉTHIQUE

Après avoir songé à ouvrir un second bureau aux États-Unis, en Europe et à Hong Kong, la firme dit avoir arrêté son choix sur Montréal en raison de l'intérêt de la communauté de chercheurs en intelligence artificielle pour les enjeux éthiques liés au développement de cette technologie.

« Notre devise, c'est "bien faire en faisant le bien", dit Darwin Ling. Nous nous soucions du rendement de nos investissements, bien entendu, mais aussi de l'impact qu'ils ont sur la communauté et sur le monde. Ainsi, non seulement les intérêts et les valeurs de nos clients et de nos partenaires correspondent mieux aux nôtres, mais nos relations d'affaires sont aussi plus durables. »

« La question des valeurs est importante en particulier pour la génération d'entrepreneurs milléniaux », dit Milad Alucozai, un neuroscientifique né à Kaboul, en Afghanistan, qui a grandi aux États-Unis avec ses parents. « Les milléniaux aiment comprendre l'impact de leur travail. »

« Nous croyons aussi que l'intérêt marqué de l'écosystème montréalais envers les questions éthiques lui permettra de se démarquer et d'attirer du talent, bien plus que s'il s'engageait dans une course aux salaires qu'il ne pourrait pas gagner. » - Milad Alucozai, cofondateur de Good AI Capital

Good AI Capital a pu compter sur l'aide de Real Ventures, un fonds de capital de risque québécois bien branché dans la Silicon Valley, et de Montréal International dans ses démarches exploratoires.

« J'espère que leur arrivée dans la métropole est le début d'une nouvelle vague, dit Mark Maclean, qui démarche les firmes de la côte ouest américaine pour le compte de Montréal International. On pourra dire maintenant que si des gens songent sérieusement à investir à Montréal, il faut qu'ils aient un bureau à Montréal. »

Le fonds californien, qui agit déjà à titre de mentor auprès des jeunes pousses hébergées par les accélérateurs québécois Techstars Montréal AI et Holt Fintech, devrait annoncer sous peu deux premiers investissements dans des firmes actives dans le secteur des diagnostics médicaux et du marketing automatisé.