Le syndicat CSN et la société d'État Investissement Québec ne craignent pas la fermeture définitive de l'usine de fabrication de dioxyde de titane située à Varennes, sur la Rive-Sud. De son côté, la direction de Kronos reste muette.

Kronos Canada a fermé son usine jeudi soir, envoyant sur le trottoir ses 320 salariés syndiqués. La fermeture est survenue dans les heures qui ont suivi le rejet des offres patronales, dites finales et globales, par les syndiqués réunis en assemblée générale extraordinaire jeudi après-midi.

Fin de la convention collective 

La convention collective arrive à échéance ce soir à minuit. Le recours à la sous-traitance et l'avenir du régime de retraite sont au coeur des discussions. Le syndicat craint que 100 emplois soient ainsi en péril.

«Nous ne craignons pas une fermeture éventuelle de l'entreprise, assure François Morin, vice-président de l'information du Syndicat national des employés de Kronos, affilié à la CSN. Nous savons très bien que le marché actuel a une certaine baisse, mais tous les pronostics vont dans le sens d'une reprise de la demande aussitôt que l'économie américaine va se replacer.»

À la mairie non plus, on ne semble pas avoir d'indication voulant que la fermeture soit définitive à ce moment-ci. «On espère pour le mieux, a dit Pierre-Guy Dallaire, responsable des communications à l'hôtel de ville. Kronos est l'entreprise manufacturière la plus importante à Varennes, et beaucoup de Varennois travaillent chez Kronos.»

Il n'a pas été possible de parler à la partie patronale, tant à Varennes qu'à Dallas, siège de la société mère Kronos Worldwide.

Kronos était à mettre en place un programme d'investissement de 44 millions de dollars à Varennes. Selon Investissement Québec (IQ), l'entreprise a dépensé jusqu'à maintenant 9 des 44 millions annoncés. «Il n'a jamais été question que Kronos ferme ses portes», dit Chantal Corbeil, porte-parole d'IQ. Elle parle elle aussi d'un lock-out, et non pas d'une fermeture.

Un marché sous pression

Le propriétaire de l'usine, Kronos Worldwide, a déclaré une perte de 41 millions US au premier trimestre de 2013 sur des ventes de 463 millions US, en baisse de 17% en un an. «On est actuellement dans une situation économique difficile au niveau de la mise en marché du dioxyde de titane. Nous en sommes conscients», convient M. Morin.

Le dioxyde de titane entre dans la fabrication de la peinture. Il sert à l'opacité des couleurs.

En 2012, Kronos a déclaré un profit de 218 millions US sur des ventes annuelles de 2 milliards US. Le magazine Forbes, dans son édition à paraître le 24 juin, suggère d'ailleurs le titre de Kronos Worldwide aux investisseurs qui veulent profiter du rebond du secteur immobilier résidentiel aux États-Unis. Les prix du dioxyde de titane subissent une pression baissière depuis le début de 2013, mais l'industrie espère un raffermissement des prix en deuxième moitié d'année.

Outre Kronos, les producteurs de dioxyde de titane en Amérique du Nord sont Tronox, DuPont, Cristal et Huntsman.