Le ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, cherche à rassurer le milieu des affaires, inquiets depuis l'élection du Parti québécois.

Jeudi, au lendemain de sa nomination, M. Marceau a déclaré qu'il travaillera «sans relâche» pour faire en sorte que les entreprises «embauchent, investissent, innovent». «Que le milieu des affaires se rassure : ça fait partie des choses qui me préoccupent», a-t-il affirmé juste avant la première réunion du Conseil des ministres du gouvernement Marois.

«Je vais tout faire pour que la croissance économique du Québec aille plus rapidement, a-t-il ajouté. C'est la clé, évidemment. La prospérité des Québécois passe par une croissance économique plus rapide, un milieu des affaires qui fait face à un climat d'affaires attrayant.»

En rattachant les Finances et l'Économie, Pauline Marois fait de M. Marceau un «superministre», un rôle qu'a joué dans le passé Bernard Landry.

Nicolas Marceau garde le cap sur l'équilibre budgétaire pour 2013-2014, comme l'avait prévu son prédécesseur, le libéral Raymond Bachand. Quantd on lui a demandé si son premier budget serait équilibré, il a répondu : «C'est une nécessité.»

La disparition du ministère du Développement économique et la restructuration de plusieurs autres fonctions de l'État sont une source d'inquiétude pour le Conseil du patronat, parce qu'il faudra du temps pour mettre la nouvelle machine en marche.

«Ça nous laisse croire qu'il y aura un ralentissement dans la prise de décisions», dit Yves-Thomas Dorval, le président du regroupement des plus grandes entreprises du Québec.

Selon lui, comme le gouvernement Marois est minoritaire, il risque de faire du surplace.

Le nouveau ministre des Finances a reçu le mandat de revoir la mission de la Caisse de dépôt, ce qui ne plaît guère au Conseil du patronat. «Ça inquiète beaucoup, dit son président. La Caisse est un gestionnaire de fonds dont l'objectif est de faire fructifier ces fonds au bénéfice de ses déposants. Si on veut changer ça, on entre dans le terrain de l'interventionnisme politique.»

Selon lui, Nicolas Marceau est un homme «raisonnable et intelligent», avec qui le patronat va entreprendre au plus vite un «dialogue intensif».

La proposition péquiste d'ajouter deux paliers d'imposition supplémentaires pour les nantis et d'imposer davantage les dividendes et les gains en capital sera la priorité de ces discussions à venir entre le gouvernement et les milieux d'affaires.

«C'est extrêmement risqué, a fait valoir le président de la chambre de commerce de Montréal, Michel Leblanc. Ça pourrait nous appauvrir.»

Selon lui, les gens d'affaires ont commencé à regarder comment ils pourraient éviter cet alourdissement de leur fardeau fiscal en réalisant leurs gains en capital ailleurs. «Il y a une extrême nervosité dans les milieux d'affaires.»

Les plus petites entreprises membres de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante sont elles aussi inquiètes de cette éventuelle augmentation d'impôt sur les dividendes et les gains en capital. «C'est ce que les entrepreneurs utilisent comme régime de retraite», souligne François Vincent, porte-parole québécois de la FCEI.

La FCEI entend faire entendre la voix des PME qui s'opposent en bloc à cette augmentation d'impôt. «On ne pense pas que ce soit la chose à faire actuellement.»

Par contre, l'idée de créer un guichet unique dans une future Banque québécoise de développement économique sourit aux entreprises, qui le réclament depuis longtemps. «L'enjeu du guichet unique est très important», a commenté Michel Leblanc.

Plus de Plan Nord

Même si le Plan Nord semble avoir été enterré, l'industrie minière croit que le gouvernement péquiste poursuivra les objectifs de mise en valeur du nord québécois mis de l'avant par Jean Charest. «On pense globalement que ce nouveau gouvernement va vouloir continuer de s'assurer que le Québec demeure attrayant pour l'investissement minier», a commenté André Lavoie, porte-parole de l'Association minière du Québec.

Le choix de Martine Ouellet aux Ressources naturelles n'enchante pas l'industrie, qui aurait préféré François Gendron, qui vient d'une région minière.

Mais l'important, pour l'industrie, c'est qu'il n'y ait pas de changement brutal de la politique gouvernementale. «L'industrie minière, c'est une vision à long terme, a plaidé le président de l'Association de l'exploration minière du Québec, Jean-Marc Lulin.

«Il ne peut y avoir de revirement radical à chaque alternance politique sur un dossier économique.»