Est-ce que le vent de la contestation qui souffle sur le Québec poussera les travailleurs de la construction à changer d'allégeance lors du scrutin syndical qui commence lundi prochain?

C'est ce qu'aimerait croire la CSN-Construction, qui représente 11 % des travailleurs de l'industrie. Cette centrale appuie la Loi 33 abolissant le placement syndical de la main-d'oeuvre.

Nous sentons une possibilité importante de changement, assure Aldo Miguel Paolinelli, président de la CSN-Construction, dans un entretien. Bien malin celui qui pourra prédire l'envergure de tout ça, mais on le sent. Par exemple, des ferrailleurs, des tuyauteurs et des électriciens -des métiers traditionnellement contrôlés par des locaux très corporatifs-, nous ont manifesté sur les chantiers dans les derniers jours un désir important de changement.» C'est un indice, selon le syndicaliste, de ce qui risque de se produire pendant le vote postal qui s'étire jusqu'au 25 juin.

Hier, le président de la CSN-Construction a fait un bilan de la campagne de maraudage qui se termine dimanche. La FTQ-Construction, qui représente 44 % des travailleurs, a dressé son propre bilan mardi dernier. Ses principaux dirigeants ont alors exprimé leur confiance à préserver leurs appuis en dépit des controverses qui ont secoué la centrale depuis deux ans.

Pour M. Paolinelli, Argentin d'origine et syndiqué CSN-Construction depuis 1990, un tournant s'est produit en octobre quand des syndiqués FTQ-Construction et du Conseil provincial des métiers de la construction ont paralysé les chantiers en guise d'opposition à la Loi 33. « Un geste antidémocratique, car personne n'a été consulté», dénonce encore aujourd'hui la CSN-Construction. De nombreux syndiqués n'auraient toujours pas oublié l'incident, d'après M. Paolinelli.

La CSN-Construction a fait campagne en faveur de la sécurité d'emploi. Environ 116 000 travailleurs ont droit de vote cette fois-ci. Ceux qui ne votent pas conservent leur allégeance syndicale. Au dernier scrutin, en 2009, le taux de participation a été inférieur à 8 %.