Pour leur premier hiver à la barre de la station Mont-Orford, les villes de la MRC de Memphrémagog auraient espéré un coup de pouce du ciel sous forme d'épais flocons blancs. Elles se retrouvent plutôt avec la pire pénurie de neige des dernières années qui a tourné en désastre le temps des Fêtes, la période la plus payante de l'année.

C'est dommage, mais pas dramatique, assure Jacques Demers, président de la nouvelle Corporation ski et golf Mont-Orford, organisation à but non lucratif créée en catastrophe à la suite de l'échec de la nième tentative de relance de la station dont le gouvernement ne veut plus payer les factures.

Les vacances de Noël avaient généré l'an dernier 20% des revenus de la saison de ski. «On est actuellement à la moitié de ça», estime M. Demers, qui est aussi maire de Sainte-Catherine de Hatley. Le budget de cette première année d'activité devait s'équilibrer. La météo est venue chambouler ces prévisions.

«C'est sûr que si tout l'hiver est comme le mois de décembre, nos prévisions seront difficiles à réaliser», reconnaît Jacques Demers au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Avec la contribution du milieu, soit une somme de 235 000$ réunie par des bénévoles et amoureux de la montagne, qui n'avait pas été incluse au budget original, la Corporation pense encore pouvoir éviter le déficit.

Mais même si l'hiver 2012 s'avérait être le plus catastrophique de l'histoire d'Orford, la Corporation serait en mesure de l'assumer, soutient son président.

La MRC a hérité d'installations dont la valeur comptable est de 6 millions et dont la valeur marchande est beaucoup plus élevée, explique Jacques Demers. Elle n'a aucune dette. «Dans le pire des cas, advenant un manque de liquidités, la Corporation peut emprunter sur cette valeur.»

Selon lui, il faudra plus qu'un mauvais hiver pour venir à bout de la détermination de la MRC de relancer les activités de la station touristique.

La Corporation a pris le relais du gouvernement le 1er juin dernier, après que les discussions eurent avorté avec le consortium choisi par appel d'offres pour investir dans l'entreprise, formé du promoteur immobilier Vertendre et de la firme qui gérait les installations pour le compte du gouvernement, Gestion Soroma.

Au début, la MRC pensait lancer au plus vite un nouvel appel d'offres pour trouver d'autres investisseurs, mais elle n'est plus aussi pressée. «Si des investisseurs se présentent, on va les écouter, mais on n'en fait pas une priorité», dit-il.

Les villes ont décidé de gérer elles-mêmes ce précieux actif, même si ce n'est pas leur métier, parce que le gouvernement aurait mis la clé sous la porte. Elles ont formé la Corporation et engagé des gestionnaires et se sont lancées dans l'aventure, pour le meilleur et pour le pire.

La Corporation compte sur une contribution annuelle du milieu pour l'aider à faire les investissements qui s'imposent pour améliorer les installations. Cette année, l'objectif de la quête était de 415 000$ et les 235 000$ amassés ne représentent que 56% de cet objectif.

Des atouts

La Corporation estime malgré tout avoir dans sa manche des atouts que l'ancien propriétaire, le gouvernement, n'avait pas. Comme pouvoir faire des promotions, précise Jacques Demers, et avoir plus de flexibilité de la part des employés, qui ont accepté à 98% un nouveau contrat de travail avec leur nouvel employeur. La capacité d'enneigement a aussi été multipliée par trois comparativement à l'an dernier, et la station a fait l'acquisition de deux nouvelles dameuses.