Dans quelques semaines, la République populaire de Chine ouvrira un consulat général à Montréal.

L'annonce en a été faite hier par le nouvel ambassadeur chinois au Canada, Zhang Junsai, dont c'était la première sortie officielle depuis son entrée en fonction, il y a deux mois. Elle a été chaleureusement accueillie par les quelques centaines de convives du déjeuner-causerie organisé par le Conseil commercial Canada-Chine (CCCC). Le hasard faisant bien les choses, le CCCC en profite aussi pour ouvrir un bureau à Montréal qui sera présidé par Douglas Robertson, spécialiste du droit international des affaires chez Heenan Blaikie.

Doubler les échanges

M. Zhang a rappelé que les chefs des gouvernements chinois et canadien, MM. Hu Jintao et Stephen Harper, s'étaient fixé comme objectif de doubler les échanges commerciaux entre les deux pays d'ici cinq ans. Après 11 mois l'an dernier, ils s'établissaient à quelque 34 milliards (largement à l'avantage des Chinois), selon les statistiques chinoises. «Faisons en sorte que ce soit une mission possible» a lancé enthousiaste M. Zhang dont le ton franc et chaleureux tranchait avec la langue de bois, trop souvent l'apanage des diplomates.

La Chine est aussi le deuxième partenaire commercial du Québec, loin derrière les États-Unis il est vrai.

M. Zhang s'est donné comme objectif personnel l'établissement d'une liaison aérienne directe entre Montréal et Shanghai avant la fin de son mandat.

Cette liaison stimulerait l'activité touristique et les échanges d'étudiants, deux pôles de relations dont l'ambassadeur souhaite l'expansion rapide. «Les étudiants font la promotion des liens bilatéraux», rappelle-t-il. Ses deux prédécesseurs, a-t-il souligné, avaient étudié au Canada et en gardent toujours un chaleureux souvenir.

Promouvoir les études de Chinois au Canada et vice-versa exigera beaucoup d'efforts, réalise M. Zhang. Il n'a pas manqué de noter, sourire en coin, que le gouvernement fédéral n'a pas de ministère de l'Éducation...

Pour doubler des rapports commerciaux de 34 milliards, les deux pays devront avant tout multiplier les accords, les investissements et les échanges de services.

Depuis une vingtaine d'années, plus d'un millier d'entreprises canadiennes ont pignon sur rue dans l'empire du Milieu. Les entreprises chinoises ne sont pas en reste avec plus de 9 milliards investis dans les sables bitumineux et les technologies de l'information.

Un récent sondage de la Fondation Asie-Pacifique du Canada, mené auprès de 1377 entreprises chinoises et dont les résultats sont parus lundi, montrait que 8% des répondants avaient l'intention d'investir au Canada d'ici trois ans. La valeur moyenne de l'investissement s'élevait à 16,1 millions US.

C'est beaucoup de chemin parcouru depuis la première mission d'affaires où les premiers ministres fédéral et provinciaux s'étaient rendus en Chine en compagnie de plusieurs centaines de chefs d'entreprise, en novembre 1994.

Le jour n'est pas loin où la Banque de Chine aura une filiale au Canada, prédit M. Zhang.

Grande autonomie

Il a demandé aux Canadiens de ne pas craindre les sociétés d'État chinoises. Elles bénéficient d'une grande autonomie dans la conduite de leurs affaires tout comme les entreprises privées, assure-t-il. «Le gouvernement a déjà beaucoup à faire pour assurer la stabilité et la sécurité sociale, a plaidé M. Zhang. Pékin vient de mettre au point un ambitieux programme d'éducation gratuite jusqu'à la neuvième année dont vont bénéficier 400 millions d'individus. Il planche maintenant sur un filet de sécurité sociale.

Avec humour, M. Zhang a reproché aux sociétés canadiennes spécialisées dans le droit et la comptabilité leur manque d'audace à faire affaire en Chine, contrairement à leurs concurrents américains et australiens.

M. Zhang connaît bien le pays des kangourous où s'est déroulée sa mission précédente au cours de laquelle les échanges commerciaux sont passés de 45 à 80 milliards, faisant de la Chine le principal fournisseur et client de l'Australie.

«Je veux en savoir plus sur le Canada, sa société, ses entrepreneurs, a-t-il lancé. Je veux aussi apprendre le français», promettant que le futur consul le maîtrisera.

Souhaitons aussi que le service des communications du CCCC en fasse autant.