La Caisse de dépôt et placement du Québec cherche un responsable des affaires publiques et des relations gouvernementales, un poste qui s'apparente en fait à un poste de lobbyiste, déplore l'Association des retraités des secteurs public et parapublic.

L'association, qui représente des employés de l'État à la retraite, se demande pourquoi la Caisse de dépôt aurait besoin d'un lobbyiste, alors qu'elle dispose déjà de plusieurs passerelles avec le gouvernement du Québec.

Sur le site web de la Caisse de dépôt, en effet, on affiche un poste de «directeur général affaires publiques et relations gouvernementales», relevant directement du premier vice-président affaires publiques de la Caisse.

On y mentionne que le futur titulaire du poste assumera la responsabilité des relations avec les intervenants de la Caisse dans la région de Québec, à savoir le gouvernement, la fonction publique, les membres de l'opposition, les médias et «les principaux influenceurs dans la communauté».

On y mentionne aussi que le titulaire devra avoir une expérience en relations gouvernementales et être doté d'un «sens politique», voire d'une «tolérance à l'ambigüité».

En entrevue, la Caisse a affirmé que ce poste avait déjà eu un titulaire, mais que celui-ci avait quitté la Caisse et qu'il fallait donc le combler de nouveau. Les tâches et compétences requises ont peut-être été élargies, a-t-on admis.

«Une organisation comme la Caisse de dépôt, qui a 25 déposants, dont beaucoup sont dans le secteur public, il est évident et tout à fait normal que la Caisse entretienne des relations avec un grand nombre de groupes. La nouvelle direction l'a dit: on voulait renforcer nos liens avec les déposants et avec les différents groupes qui peuvent être concernés par les travaux de la Caisse», a expliqué Maxime Chagnon, directeur des relations avec les médias à la Caisse de dépôt.

Il n'utilise toutefois pas le terme de lobbyiste, affirmant ne pas vouloir «s'embarquer dans des questions de définitions».

«Est-ce que quelqu'un qui rencontre différents groupes en est un ou pas? Pour nous, c'est un poste de directeur qui va assumer ces fonctions-là: directeur affaires publiques et relations gouvernementales. Le mot n'est pas caché: il y a le mot «relations gouvernementales» donc c'est très clair qu'il va aussi faire des relations gouvernementales», concède M. Chagnon.

Du côté de l'AQRP cependant, on s'insurge contre le fait qu'un organisme public comme la Caisse de dépôt et placement emploie un lobbyiste auprès du gouvernement et de l'opposition.

«Pour nous, ça cloche qu'un organisme public se paie un lobbyiste. Qu'on ait des gens aux communications, ça, ça nous apparaît normal, mais un lobbyiste, avec un profil d'influence des décisions ou du gouvernement ou de la haute fonction publique, c'est tout à fait extraordinaire», a opiné en entrevue Luc Vallerand, directeur général de l'Association des retraités des secteurs public et parapublic.

M. Vallerand y voit là un indice que la Caisse a de la difficulté à susciter de la confiance à son endroit. «C'est un problème majeur de crise de confiance du public à son endroit et elle tente d'influencer la perception que les autorités gouvernementales peuvent avoir par rapport à sa mission, ses enjeux et ses résultats», a-t-il soutenu.

Quant aux compétences exigées du futur dg aux affaires publiques et relations gouvernementales, voulant notamment qu'il ait une «tolérance à l'ambigüité», M. Vallerand estime qu'au contraire, «l'ambigüité à la Caisse devrait se terminer et on devrait dire les choses en toute transparence».

M. Chagnon, cependant, ne voit rien de mal dans l'emploi de l'expression «tolérance à l'ambigüité» comme compétence recherchée chez un candidat.

«La tolérance à l'ambigüité, c'est aussi de comprendre qu'une organisation comme la Caisse, c'est une organisation qui est complexe, donc qu'il faut comprendre les ambigüités qu'il peut y avoir. Il faut avoir ce sens-là, avoir ces habiletés-là. Tout n'est pas noir ou blanc tout le temps. Donc il faut avoir une bonne compréhension des enjeux et un sens de l'analyse, d'une analyse fine. Ce n'est pas qu'une affaire de chiffres, la Caisse. La Caisse fait aussi partie de l'histoire du Québec. Les Québécois y accordent beaucoup d'importance, et à juste raison. Il y a toutes sortes de débats publics qui ont eu lieu sur la Caisse et il faut être capable de comprendre l'univers dans lequel la Caisse évolue. Et c'est pour ça que la tolérance à l'ambigüité, il faut comprendre aussi que la Caisse n'est pas qu'une affaire de chiffres ou qu'une affaire de gestion de fonds», a commenté M. Chagnon.