Des ventes en baisse, mais un nouveau produit qui s'apprête à débarquer sur les tablettes cet automne: Labopharm a servi de bonnes et de mauvaises nouvelles hier à ses investisseurs. Mais ceux-ci semblent surtout avoir retenu les mauvaises.

Le titre de la biotech de Laval a perdu 17 cents ou 11,41% hier à la Bourse de Toronto pour clôturer à 1,32$.

Le marché a probablement été déçu par les ventes de Labopharm au premier trimestre, qui ont chuté de 3,8 millions à 3,2 millions entre 2009 et 2010. L'un des problèmes de Labopharm est qu'elle paie ses salaires en dollars canadiens, mais réalise une part importante de ses ventes en euros. Or, l'euro a perdu beaucoup par rapport au dollar canadien depuis un an, ce qui privé Labopharm de 400 000$ de revenus.

 

Un autre événement financier non habituel est venu gruger une somme supplémentaire de 400 000$ aux revenus.

Ces éléments n'expliquent cependant pas tout.

Il faut savoir que Labopharm a développé une technologie qui permet à un médicament d'être libéré de façon plus graduelle dans l'organisme. Son premier produit commercialisé, le tramadol, est un analgésique auquel on a appliqué la «recette Labopharm» pour qu'il puisse être consommé une seule fois par jour.

Le produit a été commercialisé dans plusieurs pays, mais s'est heurté en 2007 à l'intransigeance des autorités américaines, qui ont demandé des études supplémentaires. Le produit a fini par être commercialisé l'an dernier dans le plus gros marché de la planète, mais avec un retard significatif.

«On a perdu deux ans et demi. Et pendant ce temps, un médicament générique de l'un de nos compétiteurs est apparu sur le marché, ce qui a affecté tout le monde, nous inclus», explique Mark D'Souza, VP principal et chef de la direction financière.

L'analyste Neil Maruoka, de Canaccord Adams, pointe aussi «l'impact de la compétition faite par les médicaments génériques sur le marché» pour expliquer les ventes sous les attentes dévoilées hier.

Bonnes nouvelles

Du côté des bonnes nouvelles, Labopharm a toutefois annoncé hier qu'un deuxième produit sera commercialisé au cours du troisième trimestre de l'année. Il s'agit de l'Oleptro - un antidépresseur (le trazodone) modifié par Labopharm pour qu'il puisse aussi n'être consommé qu'une fois par jour.

Labopharm avait annoncé à la fin avril qu'elle a formé une coentreprise avec l'italienne Gruppo Angelini pour commercialiser l'Oleptro aux États-Unis.

Dans sa dernière note aux investisseurs, l'analyste Neil Maruoka avait dit comprendre la «déception» du marché face au choix de Gruppo Angelini, qui possède peu d'expérience de commercialisation aux États-Unis. La transaction comporte cependant un avantage: en formant une coentreprise plutôt qu'en cédant ses droits à une grande pharmaceutique en échange de royautés, Labopharm s'assure d'encaisser 50% des profits provenant de la vente de l'Oleptro.

L'analyste Neil Maruoka juge la chose positive - tellement qu'il a réévalué le potentiel des ventes de l'Oleptro de 50 à 112 millions US pour Labopharm, et a ajusté son prix-cible de 2,35$ à 3$.