Le groupe de médias Nexstar va acquérir Tribune Media et former, à terme, le premier groupe de télévision locale aux États-Unis, devant son concurrent Sinclair, qui avait lui-même tenté, en vain, de prendre le contrôle de cette cible.

Dans un paysage fragmenté, Nexstar va ajouter aux 174 chaînes locales qu'il contrôle et gère ou à qui il fournit des services, 42 stations de Tribune Media, pour atteindre 216 au total. Sinclair n'en compte lui que 191.

Pour se mettre en conformité avec la législation américaine, Nexstar va se séparer ensuite d'une partie de ces chaînes, pour couvrir environ 39 % des foyers américains, le seuil maximum prévu par les textes.

La transaction, réalisée intégralement en numéraire, atteint 6,4 milliards de dollars, en incluant la reprise de dettes. Nexstar propose 46,5 dollars par action Tribune Media, soit 15 % de plus que le dernier prix de clôture.

L'opération est un camouflet pour Sinclair Broadcast Group, groupe de médias à la ligne éditoriale conservatrice et perçu comme un soutien de Donald Trump, qui ambitionnait de racheter Tribune Media.

Début août, après plus d'un an de palabres, Tribune Media avait indiqué renoncer à passer sous le giron de Sinclair, qu'il avait attaqué en justice, l'accusant d'avoir agi de mauvaise foi.

L'absorption de Tribune Media aurait permis à Sinclair de contrôler plus de 200 chaînes locales et de couvrir 72 % de la population américaine.

L'autorité fédérale des communications (FCC) avait exigé de Sinclair qu'il se sépare de plusieurs antennes locales pour ne pas se retrouver en situation de dominer certains marchés.

Le groupe de télévision avait accepté de céder 23 chaînes, mais la FCC avait dénoncé des montages qui permettaient à Sinclair de n'abandonner le contrôle qu'en apparence.

Le débat autour de Sinclair avait pris de l'ampleur après que le groupe eut contraint en mars les présentateurs de ses journaux télévisés à lire le même message reprenant la rhétorique de Donald Trump.

Le message accusait plusieurs médias de diffuser des fausses informations (« fake news ») pour tenter de « contrôler exactement ce que [pensaient] les gens », ce qui représentait un « danger pour la démocratie ».

Une enquête du Washington Post, publiée en décembre 2016, avait affirmé que la couverture des chaînes de Sinclair durant la campagne présidentielle avait été « favorable » à Donald Trump de manière « disproportionnée ».