La Banque d'Angleterre (BoE) et son gouverneur Mark Carney se sont montrés un peu plus pessimistes quant à la croissance britannique en raison des incertitudes du Brexit, incitant à la prudence et au statu quo.

Le Comité de politique monétaire (MPC) a décidé à l'unanimité de maintenir son taux d'intérêt à 0,75 % et de poursuivre son programme de rachat d'actifs, ce qui ne constitue pas une surprise pour les économistes.

La BoE a surtout tenu un discours un peu plus inquiet sur les conséquences économiques du flou entourant le Brexit, prévu pour mars 2019, tout en évoquant le contexte international délicat avec les difficultés des marchés émergents, les tensions commerciales et la récente hausse des prix du pétrole.  

Dans son rapport trimestriel sur l'inflation, elle a abaissé de 0,1 point ses prévisions de croissance pour 2018 et 2019, à respectivement 1,3 % et 1,7 %.

Surtout, l'institution a souligné que « les effets de l'incertitude du Brexit se sont intensifiés », alors que le Royaume-Uni et l'Union européenne peinent à trouver un accord de sortie et ont d'ores et déjà repoussé la date limite pour négocier, initialement prévue pour fin octobre.  

« Plus de 50 % des entreprises ont identifié le Brexit comme l'une de leurs trois principales sources d'incertitudes en septembre et octobre, une hausse d'environ 10 points par rapport à l'enquête d'août », a ainsi pointé la BoE en expliquant que l'investissement avait chuté en 2018.  

« Les entreprises britanniques repoussent, de manière compréhensible, leurs investissements jusqu'à avoir une meilleure vision de la future relation commerciale entre le Royaume-Uni et l'UE », a ajouté lors de la conférence de presse, le gouverneur de la banque Mark Carney, dont le mandat a été récemment prolongé de sept mois jusqu'en janvier 2020.

Quel accord de retrait ?

Déjà, en septembre, la Banque d'Angleterre avait noté « une plus grande incertitude » concernant le Brexit, « principal défi » pour l'institution.  

Concernant la croissance britannique, si celle-ci a été meilleure que prévu pour la période de trois mois précédant août, à +0,7 %, le MPC juge qu'elle a été alimentée par des « facteurs temporaires » et « qu'un rythme plus modeste d'expansion, autour de 0,3 %, est attendu pour le quatrième trimestre ».  

La Banque d'Angleterre a une nouvelle fois répété que ses prévisions économiques dépendraient « significativement de la nature du retrait de l'UE » et que l'orientation de sa politique monétaire n'était pas figée et pouvait évoluer dans « n'importe quelle direction », alors que l'hypothèse d'une sortie sans accord est régulièrement évoquée.

« Il est possible que la capacité productive du Royaume-Uni chute brutalement », en cas de Brexit désordonné, a ainsi expliqué M. Carney.

Mercredi soir, le ministre britannique du Brexit a néanmoins affirmé qu'il s'attendait à un accord d'ici le 21 novembre.  

Si les analystes ont relevé une décision sans surprise, la livre britannique ayant d'ailleurs peu réagi, Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown, a pointé la mention d'une politique monétaire qui pourrait évoluer dans n'importe quelle direction.

La BoE « pourrait baisser ses taux s'il s'avère qu'un Brexit désordonné endommage l'économie, toutefois elle pourrait être forcée de les relever s'il y a une chute de la livre », a-t-il souligné.

La Banque centrale a également abaissé de 0,1 point sa prévision d'inflation pour le dernier trimestre 2019, à 2,1 %, mais a relevé celle pour fin 2018, à 2,5 % contre 2,3 % précédemment. Ces prévisions ont été établies avant la publication lundi du budget 2019, et n'en tiennent donc pas compte.  

Concernant les aspects plus positifs, l'institution a souligné la solidité de la consommation des ménages, « soutenue par un marché du travail en forme et par une résilience de la confiance ». Le chômage au Royaume-Uni est actuellement au plus bas depuis le milieu des années 1970 et les salaires progressent plus vite que l'inflation.