L'UE a promis lundi de se défendre face à ceux qui veulent l'«intimider» par des mesures protectionnistes au moment où Donald Trump menace de lourdes taxes ses industries sidérurgique et automobile.

«Nous avons vu récemment comment (le protectionnisme) est utilisé comme une arme pour nous menacer et nous intimider. Mais nous n'avons pas peur et nous nous défendrons contre les intimidateurs», a affirmé lundi la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, sans toutefois directement mentionner les États-Unis ou M. Trump.

Pour le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, «le plus gros risque serait de ne pas prendre de risque et ne pas riposter» à la décision de l'administration américaine.

«Nous ne voulons pas entrer en guerre commerciale, mais nous allons défendre nos intérêts économiques, nos usines, notre industrie et nos emplois», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse de l'association des sidérurgistes européens Eurofer lundi soir à Bruxelles.

Le président américain a pour sa part assuré dans un tweet que son secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, allait discuter avec des représentants européens de «l'élimination des importantes barrières douanières qu'ils utilisent contre les USA».

Des sources à la Commission ont affirmé lundi soir à l'AFP que les services de Mme Malmström n'avaient pas été sollicités par ceux de M. Ross pour de telles discussions.

Malgré les mises en garde des partenaires commerciaux des États-Unis, Donald Trump a formalisé jeudi dernier sa décision d'imposer des taxes à l'importation de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Elles doivent entrer en vigueur d'ici une dizaine de jours.

Escalade

L'UE exige d'être exempté de ces mesures, comme le seront le Canada et le Mexique.

Des premières discussions samedi dans la capitale belge entre les Européens et le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, en présence également du ministre japonais de l'Economie, Hiroshige Seko, se sont avérées infructueuses.

Pire, quelques heures plus tard, le président américain exigeait «l'abandon» par l'UE des barrières douanières et règlementaires sur les produits américains pour l'exempter des taxes sur l'acier et l'aluminium.

«S'ils abandonnent leurs horribles obstacles et leurs droits de douane sur les produits américains, nous abandonnerons les nôtres. Sinon, nous taxons les voitures, etc. Honnête !», a-t-il écrit sur Twitter.

Les Européens ont été surpris par ces déclarations et leur imprécision.

«Nous attendons toujours des éclaircissements», a rappelé Mme Malmström lundi.

«Les États-Unis et l'UE ne peuvent en aucun cas entrer dans une escalade commerciale», a prévenu le nouveau ministre espagnol de l'Economie, Roman Escolano, en arrivant à une réunion avec ses collègues de la zone euro à Bruxelles, résumant le sentiment général dans l'UE.

«Nous voulons éviter une guerre commerciale», a ensuite insisté son homologue allemand Peter Altmaier.

Donald Trump dénonce en particulier les droits de douane de 10% imposés par l'UE sur les véhicules, alors que les droits américains sont de 2,5%.

Camions et pick-ups

«Pour les pays avec lesquels nous n'avons pas d'accord de libre-échange, les droits de douane sont de 10% sur les voitures, c'est vrai», a affirmé Mme Malmström.

«Mais les États-Unis ont des droits très importants, de 25%, sur les camions et les pick-ups», a-t-elle ajouté, rappelant que les négociations avec Washington en vue d'un accord de libre-échange (TTIP ou Tafta), gelées depuis l'arrivée de M. Trump, avaient pour objectif d'éliminer toutes ces taxes.

Les taxes douanières entre l'UE et les États-Unis s'élèvent -- selon l'Union --  en moyenne à 3%.

L'UE a préparé des contre-mesures si Donald Trump persiste dans ses intentions.

La plus immédiate, applicable en trois mois, consisterait à lourdement taxer, certains produits américains emblématiques comme les jeans, les motos de grosse cylindrée et le beurre de cacahuète.

L'UE envisage également de mettre en oeuvre des mesures dites «de sauvegarde» pour protéger son industrie des importations étrangères d'acier et d'aluminium.

Elle prévoit, enfin, de déposer, le cas échéant, une plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), estimant que les mesures prises par les États-Unis ne servent qu'à avantager leurs entreprises.

L'Europe a exporté en 2017 vers les États-Unis pour 5,3 milliards d'euros d'acier et pour 1,1 milliard d'euros d'aluminium.

L'affrontement entre Donald Trump et l'Union européenne fait le jeu de la Chine, de loin le premier producteur mondial d'acier, qui est régulièrement accusée d'être à l'origine de la surcapacité dans le secteur en raison de ses subventions massives.