L'Afrique change à une vitesse surprenante, mais elle demeure... l'Afrique. Ici, les transactions mettent souvent du temps à se réaliser et comportent leur lot d'imprévus. La plus grande préparation est de mise avant d'investir.

«Pour les étrangers, c'est facile de faire des affaires ici, mais ça prend une personne locale pour les guider», résume Bice Boakye, directeur d'Aksa Management Limited à Accra.

Aksa est partenaire de la firme torontoise Magellan Aerospace dans un projet de centrale thermique de 235 millions de dollars à Takoradi, dans le sud-ouest du Ghana. Le groupe travaille aussi de pair avec la firme d'ingénierie montréalaise SNC-Lavalin, en lice pour construire le nouvel aéroport d'Accra.

M. Boakye reconnaît que les démarches peuvent prendre du temps... et que la menace de la corruption n'est jamais loin. «Il y a toujours une grande pression afin de donner des «pourboires», pour remercier les gens de leurs services.»

Si Bice Boakye jure n'avoir «rien prévu dans les budgets» pour verser des pots-de-vin, d'autres sociétés admettent ne pas avoir le choix de se prêter au jeu de temps à autre. Leur compétitivité en Afrique en dépend.

«C'est corrompu, tranche Fernando Barbosa, président du groupe québécois Mercator Transport au Ghana, qui fait de la logistique du transport. Aujourd'hui, ça va me coûter 50$ sous la table, demain, ça peut être 30$, après-demain, ça peut être 60$. Ça dépend de qui est au port ce jour-là.»

Des intermédiaires

Le degré de corruption et de complexité varie énormément d'un pays à l'autre, et divers organismes sont en place pour aider les exportateurs et investisseurs canadiens.

La Corporation commerciale canadienne (CCC), par exemple, a le pouvoir de conclure des contrats directement avec les gouvernements africains. Cet organisme paragouvernemental mandate ensuite un sous-traitant canadien pour réaliser les travaux, comme ce fut le cas avec Magellan Aerospace au Ghana.

Exportation et développement Canada (EDC), pour sa part, propose des produits d'assurance, de financement et de cautionnement aux exportateurs et investisseurs canadiens, de même qu'à leurs acheteurs étrangers. L'organisme est particulièrement actif dans les marchés en développement.