Certains pays de l'Union européenne sont confrontés à la nécessité de réduire fortement leur déficit mais d'autres doivent maintenir leurs dépenses pour stimuler la croissance au sein du bloc des 27 États membres de l'UE, a plaidé mardi le commissaire européen Olli Rehn, à l'heure où l'Europe tente de régler une crise de la dette en imposant des coupes budgétaires qui risquent de déclencher une nouvelle récession.

En proie aux difficultés financières, la Grèce, l'Espagne et le Portugal doivent à ses yeux mettre en oeuvre des mesures d'austérité drastiques. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires a cependant averti que «les efforts devaient être différents en fonction de la situation fiscale» de chacun des États.

Les pays dont le déficit est relativement bas peuvent conserver des «positions fiscales moins restrictives» au profit de «la croissance en Europe», a-t-il ainsi déclaré à des journalistes.

Les investisseurs redoutent que les cures d'austérité visant à répondre à la crise de la dette ne portent atteinte à la croissance économique pendant des années.

La crainte d'une défaillance immédiate a perdu de son intensité avec l'annonce d'un plan d'aide massif de 750 milliards d'euros de l'UE (environ 957 milliards de dollars CAN) et du Fonds monétaire international (FMI) pour protéger l'euro et porter assistance à des pays en cas de besoin.

Mais sur le long terme, nombre s'inquiètent que certains États rencontrent des difficultés pour rembourser leur dette du fait de leur faible croissance.

Madrid a reconnu mardi que les nouvelles mesures d'austérité demandées par les autres pays européens auraient un impact sur la croissance de l'économie espagnole en 2011. Les coupes budgétaires vont amputer la croissance de 1,8% prévue pour l'an prochain, a déclaré la ministre des Finances, Elena Salgado.

L'Espagne et le Portugal ont présenté la semaine dernière un nouveau programme de réduction des dépenses sous la pression de l'Allemagne et d'autres pays soutenant le plan d'aide, afin d'apaiser les marchés s'inquiétant qu'ils n'emboîtent le pas à la Grèce. Athènes a bénéficie d'un plan de soutien de 110 milliards d'euros (140 milliards de dollars CAN) sur trois ans cofinancé par l'Eurogroupe et le FMI.

Des responsables européens estiment qu'il est temps de presser en faveur de changements concernant les règles budgétaires supposées limiter la dette et les déficits dans les 16 pays membres de la zone euro.

Des discussions doivent s'ouvrir vendredi sur les nouvelles dispositions ou sanctions que l'Union européenne devrait adopter. L'Allemagne a plaidé pour une sanction ultime consistant à rejeter un pays de la zone euro s'il méprise régulièrement les règles.

Olli Rehn a jugé qu'il était grand temps de renforcer la gouvernance économique de la zone euro, pressant les pays de l'Union d'adopter ses propositions de resserrement des règles budgétaires. À ses yeux, ces dispositions pourraient être mises en place rapidement, à la différence de la suggestion allemande nécessitant des modifications sur le plan juridique.