La crise financière mondiale va retarder plus encore l'adoption de l'euro dans sept pays d'Europe centrale et orientale membres de l'Union européenne, en raison de l'aggravation de leur déficit budgétaire, a déclaré jeudi l'agence de notation financière Fitch.

L'Estonie, petit pays des bords de la Baltique, fait exception et devrait pouvoir atteindre son objectif d'adhésion en 2011, selon Fitch.

«Les dernières prévisions de Fitch pour le calendrier d'adhésion à l'euro sont: 2011 pour l'Estonie, 2014 pour la Lituanie, 2015 pour la Bulgarie, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Roumanie et 2016 pour la République tchèque. Néanmoins, les probabilités vont dans le sens de retards plus importants», a déclaré l'agence de notation dans un communiqué.

«De fortes récessions ont conduit le déficit budgétaire moyen dans les huit pays à s'accroître pour atteindre 6,1% du PIB en 2009 contre seulement 1,1% en 2007 et de nombreux pays vont devoir traverser une longue et difficile période de restriction budgétaire pour corriger leurs "déficits excessifs" et les faire passer sous le taux de référence de 3%», a déclaré Ed Parker, chef du département chargé chez Fitch des notes souveraines des pays d'Europe émergente.

La dette publique moyenne de ces pays a augmenté à 34,5% du Produit intérieur brut (PIB) en 2009 contre 25,1% en 2007, précise Fitch, qui prévoit qu'elle atteigne 43% fin 2011.

Selon Witold Kozinski, vice-président de la banque centrale polonaise (NBP), la crise grecque va repousser l'entrée de la Pologne dans la zone euro à une date indéterminée.

«Suite aux événements grecs, l'entrée de la Pologne dans la zone euro sera retardée, mais je suis convaincu que tôt ou tard la Pologne rejoindra la zone euro», a-t-il déclaré jeudi sur la chaîne TVN CNBC.

L'agence de notation s'interroge également sur le fait de savoir si la crise de la dette grecque ne rendra pas «les autorités de l'Union européenne plus strictes» lorsqu'il s'agira de donner le feu vert à l'entrée d'un candidat dans la zone euro.

«L'évaluation prochaine de la candidature de l'Estonie sera un test important de la volonté des autorités de l'UE d'étendre la zone euro après la crise grecque», note M. Parker. «Si cette candidature était refusée, alors même qu'elle remplit tous les critères de référence, cela créerait un précédent dommageable et enverrait un signal négatif à l'Europe centrale et orientale dans son ensemble», estime-t-il.

«L'Estonie a rempli tous les critères de Maastricht et peut continuer de les respecter à l'avenir également, je suis donc convaincu que nous obtiendrons une décision positive de Bruxelles», a déclaré jeudi le Premier ministre estonien Andrus Ansip à la presse.

«Les problèmes dont nous avons été témoins en Europe récemment ont montré que rien n'est gratuit en Europe. Être dans la zone euro apporte plus de stabilité, mais à plus long terme il revient à tous les États membres de maintenir leurs finances publiques en bon ordre», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Banque centrale d'Estonie Viljar Raask.

La Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie n'ont pas encore rejoint le mécanisme de change européen (MCE II).

L'objectif du MCE II est de maintenir la stabilité des taux de change entre l'euro et les monnaies nationales participant au MCE II. La participation pendant deux ans au MCE II est une condition préalable pour l'adoption de la monnaie européenne.