Les constructeurs québécois de maisons et de condos ont frappé un mur cette année, essuyant une baisse de 22% des mises en chantier dans l'ensemble de la province. En fait, la cuvée 2013 est l'année la plus décevante à ce chapitre depuis 2002. Et l'année 2014 sera encore pire.

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a dévoilé ses prévisions 2014 pour le marché de l'habitation, hier, au Palais des congrès de Montréal. Plus de 1000 participants sont allés entendre les analystes de marché de l'organisme fédéral. Ceux-ci avaient de mauvaises nouvelles à partager.

Dans tous les produits

La SCHL prévoit 37 000 mises en chantier cette année, comparativement à un peu moins de 48 000 en 2012. Le secteur du neuf continuera de se replier en 2014 avec 36 700 mises en chantier.

La baisse touche tous les produits: copropriétés, maisons, jumelés et résidences pour personnes âgées. Le phénomène se vit tant à Montréal qu'en région.

Ce brusque revirement de tendance survient en dépit de taux d'intérêt qui restent bas et qui n'augmenteront que de 25 à 50 points de base d'ici la fin de 2014, selon les scénarios retenus par les économistes de la SCHL.

«À partir de 2010, les niveaux de mises en chantier étaient vraiment très élevés, dit Kevin Hughes, économiste provincial de la SCHL, dans une courte entrevue qui a suivi l'événement. On avait dit l'an dernier que si ça devait continuer à ce rythme, ça dépasserait le potentiel démographique. On était vraiment dus pour revenir à un niveau plus bas.»

En fait, il faut reculer jusqu'en 2002 pour trouver un nombre plus faible de mises en chantier. Le mouvement baissier était attendu par les spécialistes de la SCHL, mais la rapidité avec laquelle il est survenu les a quand même étonnés.

«Dans le neuf, l'ajustement des mises en chantier a été plus fort que ce qu'on prévoyait en début d'année, il ne faut pas se le cacher», dit David L'Heureux, analyste principal de marché à la SCHL, qui accompagnait M. Hughes.

Des niveaux à oublier

Il n'y a pas d'embellie en vue. «Il faut oublier pour quelques années des niveaux de mises en chantier de 40 000 et plus», prévient Louis Delagrave, directeur de la recherche économique à la Commission de la construction du Québec, à qui on a demandé de corroborer les prévisions de la SCHL. Il s'attend à ce que le nombre de mises en chantier varie entre 35 000 et 40 000 dans les prochaines années.

C'est en 2004 qu'on a connu un sommet avec 58 000 mises en chantier au Québec. De 2010 à 2012, les mises en chantier ont varié de 48 000 à 51 000 par année, des niveaux insoutenables à terme en raison de la démographie.