Prévoyant doubler ses parts de marché d'ici cinq ans, le fabricant de pains et de viennoiseries Bridor a investi 40 millions de dollars dans l'agrandissement de sa boulangerie de la rue Graham-Bell, à Boucherville.

Les travaux, qui ont fait passer l'usine de pain de 55 000 pi2 à 120 000 pi2, se sont terminés en novembre. Mais ce n'est qu'hier que l'entreprise en a dévoilé les détails. L'investissement a permis d'accroître de 80 % la capacité de production. Éventuellement, une soixantaine d'emplois seront créés. Jusqu'ici, une trentaine d'embauches ont été effectuées.

Cet investissement était nécessaire « pour répondre à la demande actuelle et future », a indiqué le chef de la direction de Bridor en Amérique du Nord, Jean-François Duquesne.

Depuis deux ans, des efforts particuliers été mis sur le développement du marché américain, ce qui a porté ses fruits. Au Canada, sa marque Au Pain Doré est de plus en plus présente dans les supermarchés, et le secteur aérien a pris de l'ampleur, détaille le dirigeant au cours d'un entretien téléphonique. 

« On a beaucoup innové, ce qui nous donne une longueur d'avance sur les concurrents. »

- Jean-François Duquesne, chef de la direction de Bridor en Amérique du Nord

L'entreprise possède deux autres usines au Québec : l'une à Boucherville (où on fabrique des viennoiseries) et une autre à Montréal (pour les produits de marque Au Pain Doré). Elle compte 500 employés dans la province.

HÔTELS, RESTAURANTS, DISNEY

Bridor fabrique uniquement des produits surgelés que ses clients font cuire eux-mêmes (croissants, pains à sandwich, baguettes, brioches, etc.). L'entreprise dessert - tant au Canada qu'aux États-Unis - des chaînes d'hôtels et de restaurants, le secteur institutionnel, des supermarchés et Disney.

Environ 25 % de sa production canadienne est exportée au sud de la frontière parce que notre pain « est bien meilleur que chez eux », lance Jean-François Duquesne.

Les mesures protectionnistes de Donald Trump sont-elles source d'inquiétude ? « On y pense tous. On serait idiots de ne pas considérer ça. Mais on n'a pas l'impression qu'il va tout révolutionner », répond le grand patron, précisant que Bridor exploite une usine en sol américain qui fut agrandie en 2015.

1 MILLIARD D'EUROS

L'entreprise, qui est une filiale de la française Groupe Le Duff, dit « produire à grande échelle des pains et viennoiseries haut de gamme » grâce à son « savoir-faire traditionnel de la boulangerie européenne » et « une technologie industrielle de pointe ». Elle mise énormément sur sa liste d'ingrédients épurée, qui exclut toute trace d'agents de conservation, d'arômes artificiels, de gras hydrogénés et de sirop de maïs à haute teneur en fructose pour séduire des clients potentiels. En tout, ce sont 150 ingrédients que Bridor s'interdit volontairement.

Ses usines ne préparent pas moins de 300 recettes de pains et 150 recettes de viennoiseries.

Bridor possède également des usines en France qui desservent plus de 80 pays. La société ambitionne de réaliser des ventes de 1 milliard d'euros (1,4 milliard de dollars canadiens) d'ici 2020. « On n'est pas loin », dit M. Duquesne, sans plus de précision.

INDUSTRIE BIOALIMENTAIRE EN BREF

L'Institut de la statistique du Québec a révélé, hier, des données intéressantes au sujet de l'industrie bioalimentaire. En voici les faits saillants.

Baisse des investissements

Le secteur a investi pour 1,9 milliard de dollars en acquisition, en construction, en matériel et outillages, en 2015. Il s'agit d'une baisse de 256 millions par rapport à 2012. La décroissance annuelle moyenne s'est établie à 4,1 % de 2012 à 2015.

Stabilité de l'emploi

En 2015, l'industrie bioalimentaire fournissait 11,9 % des emplois au Québec, comparativement à 12,1 % en 2012. Ce sont donc 488 200 personnes qui travaillaient dans le secteur, principalement dans les restaurations et bars (208 600), les épiceries (127 000), la transformation alimentaire (63 300) et l'agriculture (55 200).

L'importance des États-Unis

Le Québec exporte plus de nourriture qu'il n'en importe. En 2015, la valeur des exportations a atteint 7,5 milliards tandis que les importations se sont chiffrées à 6,9 milliards. Depuis 2012, la hausse annuelle moyenne des exportations est de 7 %. Par ailleurs, l'importance des États-Unis s'est accrue. On y exporte pas moins de 71,4 % de notre production alimentaire.

Photo Robert Skinner, La Presse

Jean-François Duquesne, chef de la direction de Bridor en Amérique du Nord, est persuadé de pouvoir doubler ses parts de marché d'ici cinq ans.