Le taux de chômage aux États-Unis est tombé sous la barre des 6 % pour la première fois depuis juillet 2008 et les créations d'emplois ont rebondi en septembre, confirmant la reprise et relançant le débat sur le calendrier d'une hausse des taux d'intérêt.

Surprenant les marchés, le taux de chômage a perdu 0,2 point de pourcentage, glissant à 5,9 % soit son plus bas niveau en six ans, juste au début de la crise immobilière et financière, selon les données publiées vendredi par le département du Travail.

L'économie a créé 248 000 emplois en septembre alors que les analystes tablaient sur 210 000 créations d'emplois et prévoyaient que le taux de chômage reste stable à 6,1 %.

La vigueur des nouvelles embauches efface la mauvaise performance d'août (142 000 initialement annoncées) qui semble n'avoir été qu'une anomalie passagère. Les chiffres de juillet (243 000) et d'août (180 000) ont été révisés en hausse de 69 000 au total. Sur douze mois, l'économie américaine a créé en moyenne 213 000 emplois par mois.

«Je n'étais pas sûr qu'on ne verrait jamais un taux de chômage commençant par le chiffre 5 sous l'administration Obama», a réagi, tout sourire sur la chaîne d'informations économiques CNBC, Jason Furman, qui préside le Cercle des économistes de la Maison-Blanche. «Voir le taux de chômage descendre à un rythme qui est le plus rapide depuis trente ans est vraiment une bonne nouvelle», a-t-il déclaré ajoutant qu'encore l'année passée «la plupart des prévisionnistes disaient qu'il faudrait attendre 2017 pour voir cela».

Cette chute plus rapide qu'attendu du taux de chômage va sans nul doute raviver le débat au sein de la banque centrale (Fed) américaine sur le calendrier d'une première hausse des taux d'intérêt.

«Cela devrait encourager la Fed à au moins modifier son message d'orientation monétaire à la prochaine réunion du Comité de politique monétaire (FOMC)» les 28 et 29 octobre, affirmait Sal Guatieri de BMO Capital Markets.

Plus net, Paul Dales, de Capital Economics, discernait dans ces chiffres de plus grandes chances «de voir la Fed relever ses taux en mars plutôt que d'attendre juin». Cette réflexion trouvait écho sur les marchés des changes où la perspective d'un rapprochement d'une hausse des taux raffermissait nettement le dollar. L'euro glissait, se rapprochant du seuil symbolique de 1,25 dollar, son plus bas niveau depuis plus de deux ans.

Toujours pas de hausse de salaire

Pour Ian Shepherdson, «l'absence de hausse des salaires va conforter les "colombes"» à la Fed, qui privilégient la lutte contre le chômage «tandis que la baisse du taux de chômage va inquiéter les "faucons"», plus soucieux de lutter contre l'inflation.

Car comme le soulignaient avec étonnement la plupart des observateurs, malgré l'amélioration du marché du travail, il n'y a pas encore de signe d'augmentation de salaires. Le salaire horaire moyen est resté quasiment le même en septembre à 24,53 dollars, perdant même un cent. Sur douze mois, sa progression a reculé de 2,1 % à 2 %.

«On a besoin de beaucoup plus de croissance salariale, il n'y a pas de doute», a commenté Jason Furman, l'économiste de la Maison-Blanche.

Les gains d'emplois se sont largement répartis à travers de nombreux secteurs de l'économie, notamment dans les services aux entreprises, les services de santé et le commerce de détail. Les gains d'emplois dans ce dernier secteur ont toutefois d'abord été portés par un retour au travail de nombreux employés qui avaient observé une grève en août dans une grande chaîne de supermarchés du nord-est du pays.

Le nombre de chômeurs a reculé de 329 000 à 9,3 millions. Les chômeurs de longue durée (sans emploi pendant plus de six mois) demeurent nombreux, représentant 31,9 % des sans-emploi.

Le nombre de ceux qui travaillent à temps partiel faute de trouver mieux a un peu reculé à 7,1 millions contre 7,3 millions en août.

La participation au marché du travail, qui compte les personnes ayant un emploi et celles qui en recherchent un activement, a très légèrement reculé à 62,7 % contre 62,8 % ce qui a un peu aidé à faire glisser le taux de chômage.