L'économie américaine n'a créé aucun emploi en août, mettant fin à dix mois consécutifs d'embauches nettes, selon des chiffres publiés vendredi à Washington par le département du Travail et témoignant du maintien d'un taux de chômage très élevé aux États-Unis, à 9,1%.

Les destructions d'emplois ont exactement compensé les créations de postes lors du mois, indique le rapport officiel sur l'emploi du ministère, alors que les économistes tablaient sur un solde des embauches positif, de 70 000, selon leur prévision médiane.

Le taux de chômage est apparu conforme à la prévision des analystes.

Les chiffres de l'emploi d'août sont les plus mauvais depuis ceux de septembre 2010, où l'économie américaine avait détruit pour la dernière fois plus d'emplois qu'elle n'en avait créés.

Ils pourraient avoir été affectés par un conflit social chez l'opérateur de télécommunications Verizon au moment de la réalisation de l'enquête du ministère dans la mesure où le secteur des télécommunications est celui faisant apparaître le plus grand nombre d'emplois perdus pendant le mois (47 300)

Ils sont malgré cela peu encourageants puisque les créations d'emplois des deux mois précédents ont été révisées en forte baisse et que les embauches nettes du secteur privé (17 000) apparaissent près de dix fois inférieures à celles de juillet.

«La croissance moyenne de l'emploi sur les quatre derniers mois a été bien moins forte qu'au cours des quatre premiers mois de l'année», écrit le ministère.

Le président américain Barack Obama doit s'adresser au Congrès le 8 septembre pour présenter un nouveau plan du gouvernement destiné à stimuler les embauches et à relancer la croissance économique du pays, qui s'est enlisée depuis le début de l'année.

Selon les chiffres du ministère, les deux seuls secteurs d'activité qui ont véritablement embauché en août, sont celui des services aux entreprises (28 000 emplois nets créés) et celui de l'éducation et des soins de santé (solde de +34 000).

Mesuré au sens large, c'est-à-dire en incorporant les chômeurs dits découragés, un certain nombre d'autres exclus du décompte officiel, ainsi que les personnes contraintes à travailler à temps partiel à défaut de pouvoir trouver un emploi à plein temps, le taux de chômage des États-Unis est remonté de 0,1 point en août, pour s'établir à 9,2%.

Les chiffres du ministère sont également moroses en ce qui concerne l'évolution des revenus des Américains: le salaire horaire moyen a légèrement baissé en août par rapport au mois de juillet, et, sur un an, sa hausse n'atteint que 1,9% alors que l'inflation a été de 3,6% sur la même période.

Les républicains à l'attaque, les démocrates sur la défensive

Les républicains ont rapidement réagi vendredi en vantant leurs propositions sur l'emploi après l'annonce des derniers chiffres du chômage aux États-Unis.

«Les Américains demandent toujours où sont les emplois?», a écrit le président de la Chambre des représentants John Boehner. «Les républicains écoutent et se concentrent sur l'élimination des entraves à la croissance de l'emploi, que ce soit la fin de réglementations inutiles qui font monter les prix ou le fait d'empêcher Washington de dépenser l'argent que nous n'avons pas», a-t-il ajouté.

De son côté, la Maison-Blanche a défendu son bilan en soulignant que l'économie avait créé des emplois dans le secteur privé pour 18 mois consécutifs avec un total de 2,4 millions d'emplois sur cette période. Katharine Abraham, l'une des conseillères économiques du président, a toutefois reconnu sur le blogue de la Maison-Blanche qu'une «croissance économique plus rapide est nécessaire pour remplacer les emplois perdus».

Mme Abraham a aussi défendu les projets d'infrastructure chers au président et rejetés par les républicains.

M. Boehner a dénoncé la politique du président Barack Obama et des démocrates en assurant que la croissance de l'emploi «continue d'être sapée par la triple menace d'impôts plus élevés, par plus de mesures de relance qui ont échoué, et par des réglementations fédérales excessives».

M. Obama doit présenter jeudi devant les deux chambres du Congrès son plan pour l'emploi.

Le numéro deux de la Chambre, Eric Cantor, a estimé qu'il «y aura des aspects (des propositions sur l'emploi de M. Obama) sur lesquels nous pouvons travailler ensemble».

«Si le président veut remonter ses manches et nous rejoindre pour aider à remettre les Américains au travail, nous sommes prêts à travailler ensemble», a-t-il promis.

La candidate ultraconservatrice à l'investiture républicaine pour la Maison-Blanche, Michele Bachmann, a estimé que les chiffres de vendredi étaient «une nouvelle preuve que les politiques économiques de l'échec (mises en oeuvre par) le président Obama, ne fonctionnent pas et ont complètement bloqué la croissance de l'emploi».