La croissance économique des États-Unis devrait être un peu plus forte en 2011, a dit vendredi le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, tout en prévoyant toujours «un temps considérable» pour un retour à la normale du chômage.

«Le rythme de la croissance économique devrait probablement être modérément plus fort en 2011 qu'il ne l'a été en 2010», a déclaré M. Bernanke, devant la Commission budgétaire du Sénat.

«Nous avons vu récemment un nombre grandissant de signes selon lesquels une reprise autonome des dépenses des ménages et de l'investissement des entreprises pourrait être en train de prendre racine», a ajouté M. Bernanke, rappelant néanmoins que la croissance économique restait lente.

La croissance est dite autonome lorsqu'elle s'entretient d'elle-même, sans le soutien des pouvoirs publics.

Malgré ces améliorations, M. Bernanke a redit qu'«un temps considérable» (plusieurs années) «devrait s'écouler avant que le taux de chômage ne revienne à un niveau plus normal».

Le taux de chômage américain est tombé en décembre à 9,4%, son plus bas niveau depuis mai 2009, selon le rapport officiel sur l'emploi publié vendredi, une heure avant le début de l'audition de M. Bernanke devant les sénateurs.

Le rapport indique que les États-Unis ont regagné 1,1 million d'emplois en 2010.

Le pays en a perdu 8,5 millions en 2008 et 2009, ce qui laisse une idée du chemin restant à parcourir jusqu'à un rétablissement complet de l'économie, d'autant que le chômage n'est jamais resté aussi longtemps au-dessus de 9,4% depuis 1948 au moins.

M. Bernanke a profité de son audition pour rappeler les objectifs de la politique monétaire ultra-accommodante de la Fed, qui irrigue le circuit financier de liquidités à grands coups de création de monnaie.

Contrairement à ce que pensent les détracteurs de cette politique, la Fed reste «résolument engagée en faveur de la stabilité des prix», a dit le chef de la Réserve fédérale, affirmant une nouvelle fois que celle-ci avait les moyens de retirer à temps les liquidités injectées pour éviter une flambée des prix.

Etant donnée la faiblesse de l'inflation, la lenteur de la reprise et les difficultés de l'emploi, le but ultime de la Fed est de soutenir la reprise de l'économie américaine et le niveau des prix afin d'éviter une déflation aux effets dévastateurs.

Il a aussi appelé une nouvelle fois les élus à «l'adoption rapide d'un programme crédible de réduction des déficits futurs», estimant que cela aurait un effet bénéfique sur l'économie non seulement à long terme, mais aussi à court terme, en faisant baisser les taux d'intérêts et en augmentant la confiance des ménages et des entreprises dans l'avenir.

Si la très forte poussée du déficit budgétaire des deux dernières années a été provoquée par la crise, une part importante du déficit est «structurelle», et celui-ci est engagée sur une pente «intenable» à long terme, a jugé le chef de la Fed.

Répondant aux questions d'un sénateur, M. Bernanke a conseillé aux élus de «se concentrer» pour la décennie à venir sur «la stabilisation du ratio de la dette publique au PIB», qui tourne actuellement aux alentours de 90%.

Cela doit être «la première étape» avant des objectifs de réduction supplémentaire à plus long terme, a-t-il dit.