Barack Obama a dit mercredi vouloir «agir rapidement» pour faire aboutir au Congrès la réforme de la régulation financière, nouvelle priorité de l'administration américaine après l'assurance maladie et qui devra comme elle passer l'obstacle de l'opposition républicaine.

Tout juste sorti du sommet international sur la sécurité nucléaire, le président des Etats-Unis s'est consacré mercredi matin à l'arsenal législatif qu'il souhaite mettre en place pour éviter une réédition de la grave crise financière de 2008, dont l'économie commence à peine à se remettre.

Réunissant à la Maison-Blanche les chefs des majorités démocrates et minorités républicaines de la Chambre des représentants et du Sénat, M. Obama a dit vouloir parler avec eux «de la possibilité d'agir rapidement sur un ensemble de lois réformant la régulation financière» pour protéger les contribuables et les consommateurs.

«Nous reconnaissons tous que nous ne pouvons pas accepter un contexte dans lequel un effondrement du secteur financier mettrait une fois de plus l'économie tout entière en péril», a-t-il dit.

La réforme de la régulation financière est le deuxième grand chantier de politique intérieure de M. Obama après celle de la couverture maladie, promulguée le 23 mars après de multiples revers et rebondissements.

Comme dans ce dossier, l'exécutif va devoir prendre en compte le fait que ses alliés au Sénat ne disposent plus d'une «super-majorité» qui leur permettrait de passer outre l'obstruction des républicains. Une version de la réforme lancée par M. Obama en mars 2009 a déjà été adoptée à la Chambre et une autre en commission au Sénat.

«Nous avons pris beaucoup d'idées de l'autre côté de l'hémicycle. Je pense que nous avons un ensemble de réformes très solides et que nous sommes tout près (...) d'une loi bonne et solide, pour empêcher une telle crise à l'avenir», a estimé le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche.

M. Obama a dit avoir «absolument confiance dans le fait que nous allons pouvoir élaborer un ensemble de lois avec les deux partis».

La Maison-Blanche a ensuite indiqué dans un communiqué que M. Obama, lors de la réunion, avait prévenu que «prendre en compte les opinions des deux partis ne voulait pas dire être ouvert aux groupes de pression (...) et qu'il refuserait de négocier sur certains points essentiels».

À la sortie de la réunion, les républicains n'ont pas semblé vouloir rompre avec l'opposition quasiment monolithique qui a été la leur depuis le début de la présidence.

Leur chef au Sénat, Mitch McConnell, a estimé que le projet de loi allait «produire des sauvetages sans fin des banques de Wall Street par les contribuables». «Ce n'est vraiment pas la direction que les Américains veulent nous voir prendre», a-t-il dit.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a de son côté déploré que «les républicains disent une fois de plus non au progrès pour les Etats-Unis».

«Les Américains doivent reconnaître qu'il est difficile (pour la majorité) de travailler avec le parti du "Non"», a-t-il lancé, tandis que la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, dénonçait chez l'opposition «une telle déformation des faits que c'en est presque risible».

La volonté de l'exécutif de voir ce dossier aboutir risque de se heurter aux calculs politiques des deux bords, à six mois d'élections législatives qui vont renouveler l'ensemble de la Chambre et le tiers du Sénat et desquelles les républicains espèrent d'importants gains en sièges.