Le président américain Barack Obama a annoncé mardi la reconduction de Ben Bernanke comme président de la Réserve fédérale des États-Unis, faisant le choix de la continuité à la tête de la banque centrale au moment ou l'économie du pays semble prête à repartir.

M. Bernanke a su diriger la Fed au milieu de «l'une des pires crises financières que ce pays et le monde aient jamais connues», a déclaré M. Obama depuis son lieu de vacances sur l'île de Martha's Vineyard, dans le Massachusetts, pour expliquer son choix.

En tant qu'expert de la Grande Dépression des années 30 et grâce à sa détermination, son courage et sa créativité, M. Bernanke est l'homme idéal pour remettre les États-Unis sur les rails de la prospérité, a expliqué le président.

Son maintien à la tête de la Fed montre à quel point le patron de la banque centrale, en première loge dans la lutte contre la crise aux États-Unis, a gagné la confiance du président, à qui l'on prêtait au départ l'intention de se débarrasser de cet économiste de 55 ans, qui fut conseiller du prédécesseur de M. Obama, le républicain George Bush fils.

C'est ce dernier qui avait nommé M. Bernanke à la présidence de la banque centrale pour un mandat de quatre ans expirant fin janvier 2010.

Mais M. Obama avait loué en juin le «travail extraordinaire» et les «bons résultats» de cet ancien élève de Harvard et docteur de l'Institut technologique du Massachussets (MIT), ouvrant ainsi la voie à sa reconduction pour un nouveau mandat.

Le moment choisi pour cette annonce, alors que la reprise économique est attendue aux États-Unis d'ici à la fin du mois de septembre, si elle n'est pas déjà en cours, devrait rassurer les marchés et les investisseurs.

La banque centrale étant en théorie indépendante du gouvernement dans la conduite de sa politique, son président est susceptible de survivre aux changements politiques à la tête du pays, surtout en temps de crise, ou le choix de la continuité dans la conduite de la politique monétaire présente une certaine logique.

Avant M. Bernanke, trois de ses quatre prédécesseurs ayant été au bout de leur premier mandat depuis 1951 ont ainsi été reconduits par un président du camp opposé à celui qui les avait nommé.

De par la capacité de la banque centrale à pouvoir débloquer des milliards de dollars du jour au lendemain sans avoir besoin de consulter le Congrès, le président de la Fed est souvent présenté comme la personne la plus puissante des États-Unis après le président américain lui-même.

M. Bernanke devra néanmoins obtenir confirmation de sa reconduction par un vote au Sénat, où ses opposants, surtout républicains, qui lui reprochent d'avoir abandonné les principes de l'économie de marché en ne laissant pas couler les grandes banques, ne devraient pas manquer de le chahuter.

Après avoir présenté pendant plusieurs mois les stigmates de la fatigue, de nuits trop courtes, et de week-end passés à élaborer des plans pour empêcher le pire, M. Bernanke est apparu physiquement plus serein ces derniers temps.

En déclarant vendredi que l'économie américaine avait «évité le pire» semblait offrir de «bonnes» perspectives de reprise à court terme, malgré les nombreux défis restant à relever, il a délivré son message le plus optimiste sur la conjoncture depuis plusieurs mois.

Il lui appartient désormais de présider au retour d'une reprise durable et d'éviter une rechute de l'activité comme celle qui avait eu lieu en 1937.