Le président américain Barack Obama affirme que son plan de relance de 825 milliards de dollars est le seul moyen de sortir la première économie mondiale de la récession, mais tout le monde est loin d'être d'accord.

La Chambre des représentants devait adopter mercredi le plan de relance du nouveau président, qui doit créer ou sauver entre trois et quatre millions d'emplois sur deux ans, malgré les objections de l'opposition républicaine qui crie au gâchis. «Ce qui nous inquiète, c'est que certaines des dépenses prévues dans le projet de loi ne créeront aucun emploi et n'en préserveront aucun», a déclaré le chef de la minorité républicaine à la Chambre, John Boehner. «Ce projet comporte trop de dépenses et trop de dépenses inutiles. Il va engloutir nos enfants et nos petits-enfants sous une montagne de dettes», a-t-il dénoncé.

Pour se défendre, la jeune administration fait valoir que le plan de relance est un investissement à long terme et renforcera la compétitivité du pays qui a bien besoin de rajeunir ses infrastructures.

Le nouveau président a reconnu que son plan ne suffirait pas à relancer l'économie si les banques ne rouvrent pas le robinet du crédit. L'administration a demandé à cet effet au Congrès le déblocage de la deuxième moitié des fonds du plan de sauvetage des banques voté début octobre, soit 350 milliards de dollars.

Une partie de ces fonds, qui pourrait représenter 100 milliards, doit servir à éponger les prêts immobiliers qui ont acculé des millions de propriétaires à la saisie.

Mais pour l'économiste Jeffrey Kling, de la Brookings Institution, ce montant est insuffisant, la crise immobilière étant à la racine des maux économiques américains.

«On semble avoir mélangé l'ordre des priorités. L'épidémie de saisies immobilières est le problème le plus pressant auquel nous sommes confrontés. Il faudra bien s'y attaquer, mais plus tard, quand ce sera devenu encore plus grave», déplore-t-il.

Pour apaiser les critiques républicaines, le plan de l'administration démocrate consacre 275 milliards de dollars à des baisses d'impôts pour les ménages.

Mais d'après M. Kling, les baisses d'impôts ont moins d'effet que les dépenses publiques pour relancer l'économie, les ménages ayant tendance à épargner davantage en période d'incertitude.

L'essentiel du plan va à des dépenses d'infrastructures, tandis que des dizaines de milliards sont consacrés au social sous la forme d'indemnisations de chômage ou d'assurance maladie pour les plus pauvres.

Les républicains, citant une étude du bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme indépendant, affirment que moins de la moitié des fonds prévus par le plan de relance soutiendront effectivement l'économie.

L'administration conteste cette étude, estimant qu'elle n'a pas pris la mesure de l'ensemble du plan. L'équipe Obama conteste également le calcul du CBO selon lequel le plan coûterait au pays plus de 347 milliards de dollars d'intérêts sur 10 ans, en plus des 825 milliards.

John Maynard Keynes, apôtre de la dépense publique dans les années 1930, expliquait que l'Etat devait parfois se résoudre à jeter de l'argent par les fenêtres pour stimuler l'économie.

Pour créer des emplois, l'Etat pourrait «remplir des bouteilles de billets, les enfouir profondément sous des ordures dans des mines de charbon désaffectées et laisser des entreprises privées les dégager suivant les principes bien rôdés du laissez-faire», écrivait l'économiste.