Les cours du pétrole ont nettement baissé vendredi à New York et Londres, victimes d'un renforcement du dollar après la publication de chiffres nettement meilleurs que prévu sur l'emploi américain.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en avril a perdu 1,15 dollar à 49,61 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), repassant sous le seuil des 50 dollars et retrouvant à peu près son niveau d'il y a une semaine.

À Londres, le prix du baril de Brent est lui repassé sous les 60 dollars à 59,73 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 75 cents par rapport à sa clôture de jeudi.

«Le renforcement du dollar a été le principal facteur de baisse des prix du pétrole aujourd'hui», a résumé Phil Flynn, de Price Futures Group.

Le billet vert a bondi, atteignant ses plus hauts niveaux depuis onze ans et demi face à l'euro, et cela nuit aux échanges pétroliers, qui sont libellés en dollars.

Ce renforcement est lié à la publication des chiffres mensuels sur l'emploi américain, qui ont fait état de davantage de créations d'emplois que prévu et d'une baisse du taux de chômage à 5,5 %.

«Le marché du pétrole s'est orienté à la baisse après les chiffres supérieurs aux attentes sur l'emploi américain en février, car la perspective d'une amélioration de l'économie semble être éclipsée par l'idée que la Réserve fédérale va être encouragée à relever ses taux», et limiter ainsi son soutien à l'économie, a expliqué Tim Evans de Citi.

Cette notion d'une hausse des taux a aussi contribué à renforcer le dollar, car une telle mesure le rendra plus intéressant pour les investisseurs.

Nouveaux troubles en Libye

Le rapport sur l'emploi a fait passer au second plan «une nouvelle baisse du nombre de puits pétroliers en activité aux États-Unis, qui est un élément de soutien pour le marché», a noté Phil Flynn.

Selon le décompte de la société Baker Hughes, ce chiffre a baissé de 64 unités cette semaine, enregistrant son treizième déclin hebdomadaire de suite et laissant espérer à certains observateurs une future baisse de la production américaine.

Cela n'a pas suffi «à faire oublier la force du dollar, qui a aussi affecté les prix de l'or et de l'argent», a souligné Phil Flynn.

De même, le marché n'a pas semblé beaucoup profiter des inquiétudes persistantes sur l'offre en Libye, où le groupe Etat islamique a mené vendredi une nouvelle attaque contre un champ pétrolier.

Les précédents affrontements ont poussé la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) à déclarer cette semaine «l'état de force majeure» dans 11 champs pétroliers, ce qui la sort de l'obligation de remplir sa part des contrats de livraison.

«Cela pourrait soutenir le marché, mais je pense que les troubles libyens ont été assimilés depuis un moment», a relativisé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Le marché va rester «affecté tant qu'il y aura autant de pétrole, puisque l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) refuse purement et simplement d'abaisser sa production», a-t-il ajouté.

C'est la décision de l'OPEP en novembre de s'abstenir de changer son plafond de production qui a accéléré la chute des cours du pétrole, qui vaut actuellement la moitié de son prix de juin dernier.