Le repli du prix du cuivre depuis le début de l'année avait été remarqué par les experts, mais l'anxiété sur les marchés a augmenté d'un cran lorsque sa glissade s'est accentuée, hier.

Le prix du cuivre a atteint son plus bas niveau en près de six ans au London Metal Exchange, enregistrant un recul de 5%, à 2,55$US la livre. Une baisse de prix a maintenant été observée au cours des six dernières séances. C'est la plus longue période de repli du cuivre depuis février 2014.

Indicateur avancé fiable

Le métal rouge est souvent considéré comme un indicateur avancé fiable sur les marchés financiers. Le cuivre a une utilité multiple dans plusieurs secteurs, autant en construction que pour des produits de consommation comme les appareils électriques.

Il permet de prendre le pouls de l'économie et peut devenir une référence ou un baromètre pour les métaux de base.

La révision à la baisse, hier, des prévisions de la Banque mondiale à propos de la croissance de l'économie mondiale pour cette année et l'an prochain a semblé jouer un rôle important sur les marchés durant la séance. Les prévisions de croissance de l'économie mondiale pour 2015 ont été abaissées à 3,0%, alors qu'elles étaient auparavant de l'ordre 3,4%.

La Banque mondiale a par ailleurs haussé ses perspectives en ce qui concerne la croissance économique aux États-Unis pour 2015, mais elle craint que l'activité américaine ne soit insuffisante pour compenser les ennuis qu'éprouvent la zone euro et les marchés émergents.

La situation en Chine

Le ralentissement de la croissance économique et de la demande pour les matières premières en provenance de la Chine, plus important marché mondial pour le cuivre, continue d'alimenter l'inquiétude. La consommation de cuivre y augmentera à son rythme le moins élevé depuis 2009, selon la Deutsche Bank.

Et d'après un consensus d'analystes recensés par Bloomberg, la Chine est en route pour enregistrer cette année sa plus faible croissance économique depuis 1990. Chez Desjardins, la spécialiste des ressources Jackie Przybylowski rappelle que les craintes au sujet de l'économie européenne grandissent et que la faiblesse des prix de l'énergie pousse la Russie en récession.

Le cuivre est la matière première qui a le plus souffert sur les marchés depuis le début 2015, même davantage que le pétrole.

«Le cuivre chute plus rapidement que la plupart des autres ressources parce que c'est la matière première la plus suivie par les investisseurs conjoncturels [macro investors] et par les gens qui regardent le portrait dans son ensemble au lieu de s'attarder aux éléments fondamentaux liés aux ressources», a dit l'analyste de Citigroup, Ivan Szpakowski, à l'agence Bloomberg.

Plusieurs géants miniers, en particulier ceux dont les activités sont liées au cuivre, ont encaissé de nouveaux coups, hier. Les titres des entreprises canadiennes First Quantum et Teck Resources, notamment, ont respectivement reculé de 13% et 7%.

Certains investisseurs commencent peut-être à anticiper une période difficile prolongée ou d'éventuelles décisions douloureuses.

Selon l'évolution du contexte, l'analyste Gary Lampard, chez Canaccord Genuity, pense que le dividende versé aux actionnaires par Teck Resources, par exemple, pourrait être charcuté en cours d'année.