Les titres du secteur des ressources naturelles ont rabaissé l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto à la queue des grands indices boursiers dans les 100 premiers jours de l'année. Et tout indique que cette déprime se poursuivra au second trimestre, selon un rapport de la Financière Banque Nationale (FBN).

Alors que s'amorce la saison des résultats du premier trimestre, le S&P/TSX traîne au 21e rang de 23 indices boursiers de pays développés pour sa performance du 1er janvier au 9 avril. Son rendement de 0,7% le laisse loin de la médiane de 7,1%. Il ne devance que les indices de deux économies dont on ne peut pas vraiment vanter la santé: le Portugal (PSI-20, -2,5%) et l'Espagne (IBEX 35, -10,6%).

Les ressources ont mis à mal l'indice torontois dans le trimestre, puis plus encore dans la dernière semaine. On ne peut se consoler quand on se compare aux autres indices associés aux ressources naturelles: le S&P/TSX est huitième sur huit. Dans un rapport publié mardi, Marco Lettieri, économiste à la FBN, observe que le S&P/TSX est redescendu sous sa moyenne mobile de 200 jours et qu'une «dynamique négative semble se mettre en place».

Tandis que les bénéfices par action n'ont pas été à la hauteur des attentes en 2011, les sociétés de l'indice S&P/TSX ont revu leurs prévisions de bénéfices à la baisse de 6,3% dans les six derniers mois. Dans le secteur des matériaux, ces prévisions ont retraité de 15,6%.

Tant et si bien que «les actions des secteurs de l'énergie, des métaux communs et de l'or demeurent à plus de 20% de leur sommet cyclique d'il y a un an, notamment en raison d'une diminution de la croissance», souligne M. Lettieri.

Au deuxième trimestre, on peut s'attendre à des marges de profit qui vont décevoir, dit Marco Lettieri. Et pour l'économiste, les prévisions des analystes pour le prix des ressources sont encore trop optimistes.

Les craintes par rapport à l'Europe s'intensifient, notamment dans le cas de l'Espagne. Un risque systémique s'installe. Le dollar américain, valeur refuge, devrait s'apprécier par rapport à l'euro. Rien de très bon pour les prix des ressources.

«De nouvelles corrections sont possibles pour les prix des matières premières», avertit même M. Lettieri, car les stocks d'aluminium, de zinc et de nickel grimpent toujours. Seul le cuivre résiste encore.

En attendant de possibles catalyseurs (poussée de la stimulation économique en Chine, conjoncture économique plus favorable en Europe), la situation actuelle crée au moins certaines occasions. Les misères du TSX ont fait baisser les ratios cours/bénéfices de la majorité des secteurs sous leur moyenne des 10 dernières années. Pour les matériaux, le ratio est à 11,5, loin de la moyenne de 16.

Des profits pour Alcoa

Comme à l'habitude, c'est Alcoa [[|ticker sym='AA'|]] qui a lancé le bal des résultats trimestriels hier après la fermeture des marchés. Le producteur d'aluminium rapporte des profits de 94 millions (9 cents par action), trois fois moins que les 308 millions de l'an dernier, mais mieux que la perte qu'anticipaient les analystes. Alcoa avait d'ailleurs perdu 191 millions au quatrième trimestre de 2011. Les revenus sont en très légère hausse, à 6 milliards.

Alcoa, qui a perdu près de la moitié de sa valeur boursière depuis un an, a cédé un autre 3% mardi à New York, à 9,32$. Il affichait toutefois un regain dans les transactions d'après-séance.