Après avoir convenu d'un protocole d'entente avec le numéro un mondial de l'aluminium, Rusal, Orbite Aluminae (T.ORT) veut attirer deux autres partenaires pour son projet d'usine d'alumine métallurgique à Grande-Vallée, en Gaspésie. Elle cherche un autre acteur du secteur de l'aluminium prêt à acheter une partie de la production, et un acteur du domaine des terres rares.

«C'est une danse à quatre partenaires», a expliqué le président et chef de la direction d'Orbite, Richard Boudreault, dans un entretien avec La Presse Affaires. On a connu le premier couple hier matin, quand Orbite et Rusal ont annoncé la conclusion d'un protocole d'entente. Richard Boudreault a évoqué un jour décisif dans l'évolution d'Orbite et une «validation supplémentaire de notre plan d'affaires».

Le protocole prévoit la création d'une coentreprise et la participation de Rusal à la première des trois phases de construction d'une usine de fabrication d'alumine métallurgique à partir d'un gisement d'argile gaspésien. Rusal pourrait investir jusqu'à 25 millions de dollars dans cette première phase qui permettrait de produire entre 100 000 et 150 000 tonnes d'alumine. Le géant russe aurait une part de 25% dans la coentreprise, tandis qu'Orbite conservera une participation de 50%. Le solde sera réservé aux deux autres éventuels partenaires.

Les marchés n'ont pas pu réagir à la nouvelle hier puisque les transactions sur le titre d'Orbite (ORT à Toronto) sont suspendues depuis le 23 février. Pour espérer la reprise des transactions, l'entreprise doit d'abord fournir à l'Autorité des marchés financiers (AMF) un rapport de vérification portant entre autres sur le calcul des ressources en terres rares - un sous-produit qui représentait plus de la moitié des revenus anticipés dans l'évaluation économique préliminaire. Cette évaluation, sur laquelle l'AMF a exigé plusieurs précisions, prévoit la valeur actuelle nette du projet à 7,7 milliards, pour un investissement initial de 500 millions. Selon Richard Boudreault, le dépôt du rapport demandé par l'AMF est imminent.

Partage de la technologie

Orbite et Rusal discutaient ensemble depuis 7 mois, a indiqué M. Boudreault. Il y a eu des contacts avec d'autres producteurs. Alcoa a confirmé hier avoir assisté à des présentations d'Orbite, mais qu'elle n'avait pas d'engagement avec elle. Alcan n'a pas commenté.

En plus d'injecter jusqu'à 25 millions en liquidités, Rusal devrait fournir du personnel et de l'équipement pour la construction et l'exploitation de l'usine dont le coût total devrait être de 150 à 200 millions.

Rusal semble s'intéresser particulièrement à la technologie développée par Orbite, qu'elle pourrait importer chez elle à condition qu'Orbite soit dans le coup. Cité dans les communiqués des deux entreprises, le premier vice-chef de la direction de Rusal a affirmé que «la technologie alternative est importante pour la production d'alumine en Russie et son développement permettra de renforcer l'intégration verticale de Rusal».

Les deux partenaires «discuteront ultérieurement de l'octroi de licence relative aux technologies d'extraction des éléments de terres rares».

Le protocole entre Orbite et Rusal est «une lettre d'intention non contraignante conditionnelle à la négociation et la conclusion d'accords définitifs». Une clause empêche Rusal d'acheter Orbite pendant une période de temps que Richard Boudreault n'a pas voulu préciser.