Près de 300 membres du Syndicat des métallos, dont 200 venus d'Alma par autocars, ont manifesté à leur tour, vendredi midi à Montréal. Cette fois, c'est la présence de Jacynthe Côté, chef de la direction de Rio Tinto Alcan, qui a poussé ces 200 syndiqués d'Alma à venir manifester à Montréal.

Des collègues du Syndicat des métallos de Montréal les ont bruyamment appuyés, marchant d'un parc jusqu'à l'hôtel où se tenait la conférence. Les 780 travailleurs de Rio Tinto Alcan à Alma ont été mis en lock-out par la direction de la multinationale, le 30 décembre dernier.

Mme Côté a pris la parole devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, afin de parler de l'importance du rôle des entreprises dans le soutien à la relève dans les milieux de travail.

«On est outré qu'elle fasse aujourd'hui une présentation sur la relève dans les milieux de travail quand, à 600 ou 700 kilomètres d'ici, ils ont jeté à la rue des travailleurs justement pour essayer de faire rentrer de travers dans la gorge la sous-traitance à nos membres là-bas. C'est indécent d'être ici aujourd'hui et d'avoir comme thème la relève», s'est exclamé en entrevue Daniel Roy, directeur québécois du Syndicat des métallos.

M. Roy affirme que Rio Tinto «veut remplacer les retraités par des sous-traitants payés la moitié du salaire, à 14$ ou 15$ l'heure».

Le principal point en litige dans ce conflit porte sur le recours à la sous-traitance. Le syndicat veut que les emplois actuels soient maintenus, même lorsque les employés se prévalent de leur retraite, alors que la direction, en ayant recours à la sous-traitance, veut réduire ses coûts de main-d'oeuvre et avoir plus de souplesse dans la façon de mener ses affaires.

Actuellement, «les négociations sont au point mort», avec la direction, a rapporté en entrevue Marc Maltais, président de la section locale du syndicat chez Rio Tinto Alcan à Alma.

Il défend l'utilité pour les gens d'Alma de venir manifester à Montréal. «Mettre de la pression, même à l'échelle internationale, va nous aider à ramener notre vis-à-vis avec nous à la table de négociation. On va se servir de toutes les tribunes, ici ou localement chez nous à Alma, ou même à l'étranger. On va déplacer le débat à l'Assemblée nationale. On a une usine ultra-performante, qui a les coûts de production les plus bas au monde. Pour nous, les compromis ont déjà été faits», a-t-il fait valoir.

Même si les syndiqués manifestaient à l'extérieur de l'hôtel où elle se trouvait, Mme Côté a refusé de commenter le conflit. «C'est un dossier qui est régional et qui va se régler au Saguenay-Lac-Saint-Jean», a-t-elle déclaré lors d'un bref échange avec les médias.

Elle a assuré que le président de la division métal primaire, Jean Simon, et le vice-président responsable de la région, Étienne Jacques, avaient «toute sa confiance».

Rio Tinto Alcan avait déployé tout un dispositif de sécurité dans l'hôtel. Un employé de la multinationale a même tenté d'empêcher des journalistes d'entrer dans la salle où avait lieu l'événement, pourtant organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.