Le département d'État américain tiendra ce vendredi sa dernière audience publique sur le controversé projet d'oléoduc Keystone XL de la société TransCanada, alors que ce dossier embarrasse de plus en plus l'administration Obama.

Un groupe de jeunes et d'écologistes planifiait une nouvelle manifestation contre le pipeline jeudi soir. Ils voulaient passer la nuit devant le bâtiment de Washington où se tiendra l'audience vendredi. Un autre millier de protestataires marcheront jusqu'à l'édifice Ronald-Reagan pendant l'audience.

Ces dernières manifestations de mécontentement concluent une mauvaise semaine pour Keystone XL.

Le département d'État a dû insister à de nombreuses reprises pour faire valoir que ses fonctionnaires avaient été impartiaux durant leur étude du projet.

L'administration fédérale doit approuver l'oléoduc car il traverse la frontière canado-américaine. Selon les plans actuels, il pourrait relier les sables bitumineux de l'Alberta aux raffineries texanes du golfe du Mexique.

Plus tôt cette semaine, le département d'État a rendu publique la liste de toutes les réunions portant sur l'oléoduc qui ont eu lieu à Washington et à l'ambassade américaine à Ottawa. Les fonctionnaires plaident que cette liste prouvent qu'ils ont écouté les opposants et les partisans du projet.

«Il est clair que leur liberté d'expression, prévue au premier amendement, a été respectée», a affirmé la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland. «Nous rejetons leurs accusations» de partialité.

D'ici quelques semaines, l'administration Obama doit déterminer ce qui adviendra de l'oléoduc de sept milliards de dollars. Il y a à peine quelques mois, la plupart des observateurs considéraient inévitable le feu vert de Washington, étant donné l'appui unanime des Américains à la réduction de la dépendance envers les pays du golfe Persique.

Mais le mouvement écologiste nord-américain, rendu amer par le rejet de lois de protection de l'environnement par le Congrès en 2010, s'est réuni pour s'opposer à la construction de l'oléoduc. Les sables bitumineux albertains ont aussi fait l'objet de critiques.

Le dirigeant de TransCanada, Russ Girling, a récemment affirmé que son projet avait été malencontreusement piégé dans un débat idéologique plus large quant à l'utilisation des énergies fossiles et renouvelables.

Jon Entine, membre de l'American Enterprise Institute, est du même avis.

«Keystone est devenu l'emblème de la grande division entre la gauche et la droite aux États-Unis; le débat autour de Keystone est la définition même du climat politiquement polarisé qui existe à Washington», a-t-il indiqué.

«Les gens cherchent des façons de concrétiser leurs idées politiques. Le débat autour du pipeline a pris les caractéristiques du débat plus large, alors Keystone ne fera jamais l'objet d'une discussion sur ses mérites réels.»