L'or a poursuivi son irrésistible montée hier, franchissant les 1600$ US l'once pour la première fois de l'histoire. Les investisseurs accourent vers le refuge doré pour se protéger des tempêtes qui secouent Washington et plusieurs capitales européennes.

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Après avoir atteint les 1607,90$ US en cours de séance, le métal jaune a terminé la journée à 1602,40$ US, en hausse de 12,30$ US. Il s'agit du 10e gain consécutif au COMEX de New York. Pendant ce temps, les places boursières européennes perdaient autour de 2% en Europe, certaines encore davantage, en raison de la crise budgétaire grecque. New York (-0,8%) et Toronto (-0,3%) ont encaissé des pertes plus raisonnables.

Les marchés paraissent de plus en plus nerveux en raison des tensions qui perdurent à Washington entre républicains et démocrates autour du relèvement du plafond de la dette. À court terme, c'est ce qui influera le plus sur le prix de l'or, explique Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint à la Banque Laurentienne.

Un règlement politique positif à Washington pourrait amener un léger repli du prix de l'or, mais cela ne signifierait pas nécessairement que la montée serait terminée, estime Sébastien Lavoie.

Il reste encore les inquiétudes en Europe à propos de la dette grecque et de la précarité budgétaire de plusieurs pays de la zone euro. La forte inflation mondiale (autour de 4,5%) continue aussi de pousser des investisseurs vers l'or et la demande pour les bijoux dans les grands pays émergents soutient le prix.

«Il y a une ruée vers la sécurité qu'offre l'or, a expliqué à l'agence Bloomberg un négociateur de FuturesPath Trading, de Chicago. Quand l'Europe et les États-Unis auront mis de l'ordre dans leur maison, peut-être y aura-t-il alors une correction dans le prix de l'or.»

Prudence dans la rue

Gabriel Sebag, propriétaire de La Maison d'argent, rue Sherbrooke Ouest, commence à être moins convaincu que le prix de l'or puisse augmenter encore beaucoup. À sa boutique, il vend et achète des métaux précieux. Si le prix n'augmente pas, c'est son profit qui se rétrécit.

Il nous montre une petite pièce d'une once d'or, marquée d'une feuille d'érable. Elle a à peu près la taille d'une pièce de 2$, mais elle vaut plus de 1600$ US. À ce prix, il est plus prudent et garde moins de stocks, pour limiter les pertes en cas de forte correction.

«À 1300$ US, les gens sentaient que ça allait encore monter, dit-il. J'ai l'impression que c'est moins le cas aujourd'hui.»

Beaucoup de clients viennent donc profiter des prix élevés pour rendre de vieux bijoux, entre autres. «Ils rendent un bijou qu'ils ont utilisé pendant 10 ans et le revendent à fort profit, souligne M. Sebag. C'est incroyable.»

M. Sebag remarque que de plus en plus de gens se sont initiés au marché des métaux précieux dans les dernières années. Selon lui, les particuliers voient la tendance des prix à la hausse et les possibilités de rendement. Il y a quelques mois, note M. Sebag, c'était la folie pour l'argent, métal à l'ombre de l'or, mais plus abordable.

L'argent, qui profite de la même situation d'incertitude que l'or, est passé de 30 à 50$ US l'once entre février et mai. Il a retraité sous les 34$ US au 1er juillet, mais a franchi de nouveau les 40$ US hier, à 40,33$ US.