Les économistes de la BMO s'attendaient à une croissance de 2% pour le secteur agricole à moyen terme. Pourtant, la hausse des prix dans le milieu et la situation économique qui s'améliore favorisent une augmentation plus forte que prévu. Le secteur agricole devrait croître de 3,5% à 4% au Canada en 2011.

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Ce nouvel essor est d'autant plus bienvenu que l'industrie avait souffert d'un ralentissement au cours des deux dernières années. C'est ce que rapporte une étude sur les perspectives du secteur agricole canadien publiée hier par le Service des études économiques de BMO. «Le dynamisme constaté au cours de la deuxième moitié de l'an dernier s'est maintenu en 2011. La production agricole a progressé de 3,3% sur un an en janvier», soutient Kenrick Jordan, économiste principal de BMO Marchés des capitaux.

Les cultures commerciales font partie des secteurs qui tireront le mieux leur épingle du jeu. Benoit Legault, directeur général de la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec, est également d'avis que la croissance dans le secteur agricole aura un impact positif pour ses membres. «Je spécule, mais s'il y a une croissance de l'élevage, ça va avoir des effets positifs puisque l'élevage consomme une grosse partie de notre grain, comme le maïs et une partie du soya transformée», explique-t-il.

Les producteurs d'élevages, eux, risquent de connaître la hausse la plus modeste en raison du prix de nourrissage élevé. Mis à part le coût de la nourriture, tous les producteurs agricoles canadiens devront faire face aux prix de l'énergie et des fertilisants qui resteront à la hausse. La force du dollar canadien va aussi continuer de nuire aux exportations.

David Rinneard, directeur national, marché agricole, de BMO, ne croit pas que le dollar canadien va faiblir de sitôt. Il estime cependant que les producteurs doivent profiter de cette occasion pour investir dans les technologies et de nouveaux équipements.

La pluie gâche le début de saison

La pluie reçue en abondance au cours des dernières semaines pose par ailleurs problème à certains agriculteurs. Dans la périphérie de Montréal, les producteurs de cultures commerciales et les maraîchers n'ont toujours pas commencé à planter leurs semences. Ils souffrent d'un retard de 10 à 15 jours.

«Étant donné que la terre est trop mouillée, les producteurs sont incapables de rentrer dans leurs champs avec leur machinerie. Pourtant, ils ont tous hâtes d'être dans les champs. Ils sont fébriles. Ils veulent enclencher leur saison», dit Élaine Grignon directrice générale de la Fédération des producteurs maraîchers du Québec.

Même si Dame Nature continue de perturber les agriculteurs, M. Legault affirme que les consommateurs ne ressentiront pas les effets si la saison des cultures commerciales est retardée. «Au Québec, les gens ne souffrent pas trop de nos problèmes de récoltes parce qu'il y a beaucoup de grains qui se produisent ailleurs. On a donc très peu d'influence sur le prix et sur notre capacité à se nourrir», dit-il.

L'Union des producteurs agricoles ne lance pas, non plus, de cri d'alarme. «On peut avoir deux ou trois semaines moyennes au début et un reste de saison exceptionnelle jusqu'en septembre», affirme Patrice Juneau, porte-parole de l'Union.