La société australienne BHP Billiton (BHP) a retenu les services de conseillers de trois premiers ministres canadiens pour exercer des pressions en son nom, tandis qu'elle tente d'obtenir des appuis politiques en faveur de son offre hostile de 40 milliards US pour mettre la main sur PotashCorp. of Saskatchewan (T.POT).

Ainsi, Michael Coates, conseiller du premier ministre Stephen Harper au cours des trois dernières campagnes électorales, s'est inscrit pour la firme de Melbourne, en Australie, selon le site web du registre canadien des lobbyistes. De leur côté, William Pristanski, assistant de l'ancien chef conservateur Brian Mulroney dans les années 80, et Bruce Hartley, ancien assistant du premier ministre libéral Jean Chrétien, se sont aussi inscrits au nom de BHP.

Cette dernière, qui n'avait pas de lobbyiste actif inscrit en son nom jusqu'en août dernier, cherche à obtenir l'approbation des autorités gouvernementales pour réaliser son rachat hostile, tandis que des membres de l'opposition demandent au gouvernement d'établir des conditions pour toute acquisition par des intérêts étrangers de Potash, fabricant de fertilisants de Saskatoon. Il est prévu que Marius Kloppers, PDG de BHP, tienne des réunions avec des législateurs aujourd'hui à Ottawa.

«De toute évidence, je tiens beaucoup à comprendre complètement et entièrement le type de proposition que fait BHP», a indiqué lundi au cours d'une entrevue téléphonique Ralph Goodale, leader adjoint du Parti libéral à Ottawa, et seul représentant de son parti aux Communes issu de la Saskatchewan. «Comme vous l'avez peut-être remarqué, a-t-il ajouté, BHP mène une campagne de communication très active en Saskatchewan.»

M. Kloppers doit tenir une réunion avec Jack Layton, chef du Nouveau Parti démocratique ce matin, selon un courriel transmis par Marc-André Viau, porte-parole du NPD. Plus tard dans la journée, le PDG de BHP doit s'entretenir avec des législateurs libéraux, a dit M. Goodale.

Pour sa part, Tony Clement, ministre fédéral de l'Industrie, a précisé à des reporters qu'il n'avait pas prévu de rencontrer M. Kloppers cette semaine. Andrew MacDougall, porte-parole du premier ministre Harper, a indiqué que le bureau du premier ministre ne faisait pas de commentaires sur les rencontres de M. Harper avec des personnes qui ne sont pas des politiciens.

En réponse à une question, lundi, de M. Layton au sujet du projet de rachat de Potash, M. Harper a dit en Chambre qu'il y avait des lois pour étudier les acquisitions par des intérêts étrangers.

Échéance repoussée

BHP a reporté à 23h59, heure de l'Est, le 18 novembre prochain, la date limite pour accepter son offre de manière à accorder plus de temps pour l'achèvement de l'étude de sa proposition par les autorités réglementaires.

Amanda Buckley, porte-parole de BHP, a refusé de commenter les réunions que M. Kloppers pourrait tenir avec des législateurs.

Les rachats par des intérêts étrangers de grandes entreprises canadiennes sont automatiquement soumis à examen en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Selon les dispositions de cette loi, le gouvernement peut bloquer toute transaction s'il estime que les «bénéfices nets» pour le pays sont insuffisants d'après des facteurs tels que l'emploi et la productivité.

Au cours des 25 dernières années, le Canada a rejeté formellement une seule offre de rachat, soit la proposition d'Alliant Techsystems Inc. pour la filiale spatiale de MacDonald Dettwiler&Associates Ltd. en 2008.