Le géant indien Tata Steel a donné son aval hier à la création d'une coentreprise qui exploitera des gisements de fer dans le secteur de Schefferville, et dans laquelle elle investira au moins 300 millions de dollars.

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Ce partenariat avec la société canadienne New Millenium Capital Corp (NML), officiellement établie à Calgary mais exploitée à partir de Montréal, pourrait être le premier pas vers le développement de deux projets d'une tout autre envergure nécessitant des investissements de 4,5 milliards.

Tata, déjà actionnaire de New Millenium à hauteur de 27,4%, achète à cette société 80% des intérêts du projet appelé DSO (pour Direct Shipping Ore). En contrepartie, elle sera responsable des coûts en capitaux du projet (300 millions) et remboursera 80% des dépenses faites par NML, ce qui représente environ 20 millions.

Le groupe sidérurgique Corus, filiale européenne de Tata, s'engage à acheter l'ensemble de la production de DSO.

Pour le président et chef de la direction de New Millenium, Robert Martin, il s'agit de «l'événement le plus important de l'histoire de la société», qui existe depuis 2003. La construction de l'usine de traitement du minerai et des autres infrastructures devrait commencer vers la fin de l'année, avec une entrée en production prévue en 2012.

DSO générera environ 4 millions de tonnes de concentré par année, qui sera acheminé par chemin de fer jusqu'au port de Sept-Îles.

Le projet créera 220 emplois directs, mais les employés ne s'établiront pas de façon permanente à Schefferville. Ils feront plutôt la navette, alternant entre un certain nombre de jours à la mine et un certain nombre de jours dans leur région d'origine.

NML a déjà signé une entente économique avec la communauté Naskapi, de Schefferville, mais elle vient à peine de reprendre les négociations avec les Innus de Sept-Îles (Uashat-Maliotenam) et de Schefferville (Matimekush-Lac-John). Elle négocie aussi avec les Innus du Labrador.

Le projet DSO repose sur des gisements exploités par l'Iron Ore Company of Canada (IOC) jusqu'au début des années 80. Ils sont situés à 66% au Québec et 34% au Labrador. L'exploitation devrait durer 12 ans, mais pourrait se poursuivre jusqu'à 20 ans, selon ce que laissent croire les ressources historiques du secteur.

Vers un mégaprojet

Avec des réserves prouvées et probables qui s'élèvent actuellement à 64 millions de tonnes par année (teneur moyenne en fer de 58,8%), le projet DSO est relativement modeste. Les deux autres projets dans les cartons de NML, LabMag (au Labrador) et KéMag (au Québec), ont des réserves combinées de 5,6 milliards de tonnes (à environ 30% de fer) et pourraient générer à partir de 2016 une production de quelque 22 millions de tonnes de concentré par année.

Tata détient une option sur ces deux projets et a jusqu'à la fin de l'année pour négocier une entente avec New Millenium. «Tata a cependant voulu commencer par DSO parce que c'était plus petit et plus rapide, a expliqué Robert Martin en entrevue avec La Presse Affaires. C'est leur premier projet minier hors de l'Inde.»

Dans le cadre des projets KéMag et LabMag, New Millenium envisage de construire un pipeline qui acheminerait le concentré de la région de Schefferville vers Sept-Îles. Cet ouvrage, d'un diamètre de quelque 70 centimètres, s'étendrait sur une distance de 600 à 750 kilomètres, dépendant de la route choisie.

«Le pipeline coûtera 1 milliard à lui seul, mais permettra de réduire les coûts de façon importante par rapport au train», soutient Robert Martin. Selon lui, le pipeline permettrait à l'exploitant de s'établir comme le producteur de fer à plus faible coût en Amérique du Nord.

Le titre de NML [[|ticker sym='V.NML'|]] a réagi positivement à l'annonce d'hier concernant DSO, gagnant près de 15% en matinée. Mais il a finalement terminé la journée avec un maigre gain de 0,8%, à 1,28$.

Labrador Iron Mines Holdings [[|ticker sym='T.LIM'|]] développe aussi un projet d'exploitation de gisements de fer dans le même secteur. La société devrait lancer la production dès 2011.