La patience a ses limites. Après plus de cinq années de procédures administratives, Ultramar pourrait abandonner son projet de construire un pipeline souterrain de 300 millions $ entre Québec et Montréal.

«Notre patience a été mise à rude épreuve et on ne pourra attendre indéfiniment», a indiqué hier au Soleil le directeur des affaires publiques d'Ultramar, Michel Martin.

Ultramar, qui souhaite construire un pipeline de 250 kilomètres entre sa raffinerie de Lévis et ses installations de stockage de Montréal-Est, a reçu le feu vert du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) et de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) dans 29 des 32 municipalités concernées par le projet. Trois décisions du CPTAQ restent à venir dans trois municipalités.

Or, certains propriétaires continuent de s'obstiner, malgré des jugements favorables du CPTAQ au passage du pipeline sur leurs terres.

Par exemple, à Saint-Rosaire, près de Victoriaville, un propriétaire menace même de porter sa cause devant la Cour suprême, lui qui vient d'essuyer un jugement défavorable en Cour supérieure. Ce qui retarderait de façon importante le projet d'Ultramar.

Décret demandé

Afin de pouvoir commencer au plus vite les travaux de construction du pipeline, Ultramar demande à Québec de procéder à un décret gouvernemental. «La balle est dans le camp du Conseil des ministres et on aimerait avoir des signaux clairs très prochainement», a fait savoir M. Martin.

Ultramar fait valoir que chaque minute qui s'étire risque d'allonger les coûts de construction du pipeline. Il y a cinq ans, le projet avait été évalué à 200 millions $. Maintenant, on parle de 300 millions $.

Ultramar souligne que le pétrole transitant par un pipeline comporte beaucoup moins de risques environnementaux. Pour l'heure, les produits raffinés de la pétrolière sont transportés par bateaux et par trains jusqu'à ses installations de Montréal-Est.

L'impatience gagne également les gens d'affaires de la Rive-Sud du Québec. Hier, sept chambres de commerce ont demandé au gouvernement Charest de se presser dans ce dossier.

«L'absence de décision de la part du gouvernement risque de compromettre un projet privé de 300 millions $. La non-réalisation de ce projet a un coût que nous refusons de supporter», a soutenu hier le président de la Chambre de commerce de Lévis, Marcel Bérubé.