La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. James Cherry, président-directeur général d'Aéroports de Montréal (ADM), répond aujourd'hui aux questions d'Eric Arminjon, président de Dans un jardin.

Comment faites-vous le démarchage du développement aérien?

En faisant des recherches, d'abord. On regarde les destinations qui sont souhaitées par nos passagers, on analyse les départs des passagers de Montréal via les intermédiaires et les destinations ultimes des voyageurs. Après, la question est de convaincre un transporteur.

Nous avons, par exemple, réalisé il y a quelques années que beaucoup de personnes quittent Montréal et passent par un autre point intermédiaire comme Toronto pour se rendre en Chine. Nous avons estimé qu'il y avait un nombre intéressant de personnes par jour qui vont dans cette direction ou viennent à Montréal de la Chine de la même façon. Nous avons préparé un dossier et avons parlé à tous les transporteurs qui pouvaient être intéressés par une liaison entre Montréal et Pékin.

On fait le même processus tous les ans; aujourd'hui, nous avons des dossiers similaires pour de nombreuses villes en Asie comme Shanghai, Hong Kong ou Tokyo, en Afrique du Nord et en Europe de l'Est, comme à Varsovie ou Budapest. On cherche à ajouter des villes aux États-Unis aussi, comme Seattle ou La Nouvelle-Orléans. Les vols directs vers Genève et Bruxelles amènent de leur côté des passagers américains en transit ici. Environ 18% de nos passagers sont en transit. C'est aussi important.



Avec les vols internationaux qui arrivent tous en même temps en fin de journée, est-ce que ça représente un casse-tête logistique pour vous (p. ex.: gestion de la livraison des bagages)?

En fait, nous sommes pris par les autres opérations des aéroports européens et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'arrivées de vols internationaux entre midi et 17h. Est-ce que c'est un casse-tête? Nous avons la capacité d'accueillir tous ces vols au même moment et il n'y a pas de problème normalement. C'est plus difficile quand les transporteurs ne respectent pas l'horaire. Si trois ou quatre arrivent en retard, ça peut créer des problèmes et c'est pour cette raison que nous avons parfois des files d'attente à la douane ou à la réception des bagages. Si vous arrivez du Moyen-Orient ou de la Chine, vous n'arriverez que rarement en même temps que d'autres vols.



Selon vous, à quoi ressemblera l'aéroport de Montréal dans 10 ans?

On ajoutera encore plus de barrières pour accueillir des avions. Pas besoin d'attendre 10 ans! Déjà, en mai 2016, on va ajouter des barrières et des ponts additionnels pour les vols internationaux. Pour les prochaines années, on va se concentrer sur deux ou trois projets précis. On va moderniser l'ancienne portion de l'aérogare où Air Canada est située aujourd'hui. Ce sera tout réaménagé et ça ajoutera encore de la capacité. On a l'intention de refaire tous les débarcadères et l'accès principal à l'aérogare. Ce sera aussi très important d'avoir un train nous reliant au centre-ville. J'espère que ce sera avant 10 ans, ça aura un grand impact sur notre clientèle. Ça améliorera la fluidité, l'efficacité et le service à la clientèle.



Sur le plan personnel, quel défi aimeriez-vous relever en tant que PDG d'Aéroports de Montréal?

Ce n'est pas un nouveau défi et je l'ai déjà dit, mais je le répète: le défi le plus important est d'avoir un train à l'aéroport vers le centre-ville de Montréal. Nous avons attendu des années, c'est le temps de le faire. Le besoin est de plus en plus frappant. Presque toutes les villes ont un aéroport relié à leur centre-ville. Depuis mon arrivée en 2001, on dit que c'est une priorité, mais ce n'est pas quelque chose qu'on peut réaliser nous-mêmes. Ça prend l'appui de nombreux intervenants, mais c'est un projet naturel pour Montréal. Nous avons des constructeurs de wagons, dont Bombardier, nous avons le meilleur réseau d'électrification au monde. On pourrait avoir un train électrique. Et si on pense aux gaz à effet de serre, le nombre de voitures que l'on pourrait enlever de nos routes avec ce train est important.



Avez-vous un aéroport préféré dans le monde? Si oui, pourquoi?


Je voyage beaucoup et je m'intéresse surtout aux aéroports qui offrent le meilleur service à la clientèle au sens large. Il y a beaucoup d'aéroports qui sont des monuments architecturaux, mais ça m'intéresse moins. J'adore l'aéroport de Munich, je trouve que c'est très efficace, et en plus, on sent qu'on est en Allemagne, au centre de la Bavière. Même chose à Singapour, qui offre un service extraordinaire. Vous êtes certain quand vous êtes dans cet aéroport que vous êtes à Singapour: il y a des orchidées partout et l'ambiance est vraiment asiatique. Je suis inspiré par ces aéroports qui parviennent à nous faire sentir où on est. Vancouver est probablement l'aéroport du Canada qui a le mieux réussi cet effet-là.

Le parcours de James Cherry en bref

> Âge: 61 ans

> Études: comptable de formation, James Cherry est diplômé de l'Université McGill.

> PDG depuis: juin 2001

> Nombre d'employés: 600

> Avant d'être président: il a occupé des postes de haute direction dans de nombreuses sociétés, dont Bombardier, Oerlikon Aerospace, CAE et Alstom Canada. Il a notamment été vice-président, finance et administration pour Metro Canada.