«Qu'est-ce qui décrit le mieux votre attitude? A) Je peux stimuler les autres. B) J'ai de la persévérance. C) Je suis curieux. D) Je suis attentif aux besoins des autres.» Devant le test composé d'une cinquantaine de questions semblables, Maxime était embêté.

«J'aurais parfois préféré indiquer «aucune de ces réponses» ou «cela dépend du contexte», explique le trentenaire. C'était un peu frustrant. J'espère que mes réponses ne seront pas mal interprétées...»

Son inquiétude est peut-être justifiée. Les tests de personnalité ont gagné en popularité, car la technologie a facilité leur utilisation. Mais leur qualité est très variable.

«Certains tests sont beaucoup plus forts en marketing qu'en psychométrie. Il faut s'assurer qu'ils ont été validés par des études indépendantes et qu'ils ont un manuel technique», souligne Julie Carignan, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et psychologue chez SPB psychologie organisationnelle.

Étonnamment, plusieurs tests passent outre ces deux exigences. De plus, même les meilleurs peuvent compromettre la qualité de la sélection s'ils sont mal utilisés. «Il faut avoir les connaissances et les compétences nécessaires pour le faire, indique Me Sarah Thibodeau, secrétaire et directrice, admission et qualité de la pratique, à l'Ordre des CRHA. Ce n'est pas le cas de tous les psychologues et les conseillers en ressources humaines. Il existe des formations différentes pour chaque test.»

Un outil parmi d'autres

Le grand danger est de trop se fier aux tests de personnalité lors de la sélection. «Ils peuvent être utiles, je m'en sers moi-même, souligne Pascal Savard, psychologue, CRHA et propriétaire de Phénix Conseil. Mais ils mesurent comment un individu diffère de la moyenne. Ils ne peuvent prédire comment quelqu'un s'adaptera à un contexte spécifique. Une étude récente a montré que la variation de comportement d'une personne est due à 70 % au fait qu'elle agit différemment selon le contexte.»

Les tests de personnalité devraient donc compléter d'autres outils comme une entrevue et des mises en situation. «Pour évaluer les habiletés en communication de quelqu'un, l'entrevue sera beaucoup plus efficace qu'un test de personnalité, illustre Mme Carignan. Mais il peut être utile pour des choses plus difficiles à cerner, comme la gestion du stress.» Les échantillons de travail, les tests d'aptitudes intellectuelles, les entrevues structurées et les tests de connaissances prédisent généralement mieux la performance au boulot, note M. Savard.

Par ailleurs, sauf exception (comme des métiers nécessitant le port d'arme), les tests doivent servir uniquement à prédire la performance au travail. Ils ne devraient pas permettre de détecter une fragilité mentale ou de poser un diagnostic. De plus, les psychologues et les conseillers en ressources humaines doivent respecter le secret professionnel. Les dossiers des candidats rejetés devraient aussi être détruits après un certain temps.

Comment passer le test?

Maxime a beaucoup hésité en répondant à certaines questions. Aurait-il dû mieux se préparer? Sur l'internet, on trouve facilement des conseils en ce sens - et même des trucs pour tricher. Un test bien conçu est plus difficile à déjouer, mais c'est possible de le faire. Mais est-ce vraiment dans votre intérêt? «Tous sont perdants si quelqu'un décroche un poste qui ne lui convient pas», tranche M. Savard.

Il vaut donc mieux répondre spontanément. «Généralement, la personne devrait pouvoir contextualiser ses réponses en entrevue, note Mme Carignan. De plus, dans un bon inventaire de personnalité, un élément est couvert par plusieurs questions nuancées. L'agrégation de toutes les réponses donne une grande tendance.» Donc, si un choix de réponses ne vous convient pas parfaitement, rappelez-vous qu'une question ne fait pas la différence à elle seule.