Ils ont étudié en biologie, en sciences politiques ou en droit. Aujourd'hui, ils sont musiciens, programmeurs de jeux vidéo ou éleveurs de canards. La Presse dresse leur portrait et démontre que l'école ouvre bien plus qu'une porte.

Bien comprendre le monde. Tel était le désir de Nicolas Raoult lorsqu'il s'est inscrit en philosophie. S'il cherche toujours à comprendre, le quotidien de ce dernier n'est toutefois pas rempli des livres d'Aristote ou de Descartes, mais plutôt de bottes de randonnée, de raquettes et d'équipement d'escalade. Tout un changement!

«Au départ, j'étais passionné par les philosophes grecs. Je voulais enseigner la matière dans un cégep», raconte Nicolas Raoult. Après un baccalauréat en mathématiques et en physique en 2001, qu'il fait parallèlement à une formation en philosophie, il entreprend une maîtrise dans le même domaine. Il la termine en 2006.

Son amour de la réflexion s'était par contre effrité en chemin. «J'avais perdu la flamme», avoue Nicolas. C'est son père qui lui fait d'ailleurs remarquer qu'il semble avoir bifurqué et nourrir une passion beaucoup plus grande pour l'escalade.

Durant ses études, Nicolas avait été embauché à La Cordée en 2001 à temps partiel. À partir de 2007, il décide de rester dans cette boutique de plein air à temps plein.

À 35 ans, il est maintenant gérant de la succursale de Laval. Et il en est bien heureux. «Ça rassemble tout ce que j'aime», estime Nicolas Raoult. Au quotidien, il doit s'assurer que tout son monde répond aux besoins de la clientèle, en plus de régler les stocks, s'occuper des ressources humaines et gérer le budget.

Ces deux dernières tâches sont d'ailleurs celles qu'il préfère. «Je pourrais me passer de tout ce qui a trait aux lieux par contre. Voir à ce que les toilettes soient propres, par exemple, ce n'est pas ce que j'aime le plus!», dit-il.

Les maths et la philo, est-ce que c'est encore utile dans la gestion d'une boutique? «Oui, tout à fait. Pour le budget, ma facilité avec les chiffres m'aide beaucoup. La philosophie, de son côté, me donne un coup de pouce avec les communications et les ressources humaines», assure-t-il.

Il trace aussi un parallèle entre le plaisir qu'il a à former ses équipes de travail et ses anciens projets d'enseignement, les deux lui donnant l'occasion de travailler avec de jeunes adultes.

Il referait le même parcours sans hésiter. «Même si je suis resté 10 ans sur les bancs de l'université, je suis content de l'avoir fait. J'ai appris beaucoup.»

Comme quoi on peut s'éloigner de la philosophie tout en demeurant philosophe.