Souvent, on n'a pas le choix de sa carrière, elle nous est imposée par la vie. Parfois, cette même vie nous propose d'autres choix. C'est ce qui est arrivé à John Benjamin, un des héritiers des Messageries de presse Benjamin. Portrait de quelqu'un qui avait déjà tout et qui a choisi de partager ce tout avec la planète.

Vice-président senior d'une importante entreprise québécoise, John Benjamin a choisi de tout laisser tomber pour devenir travailleur humanitaire.

Haut dirigeant des Messageries de presse Benjamin pendant plus de 20 ans, il a choisi de quitter l'entreprise fondée par son grand-père et développée par son père pour partager son expertise dans des pays en voie de développement. Un choix qu'il ne regrette absolument pas.

«J'ai fait un baccalauréat en commerce à l'Université McGill, mais j'étais surtout intéressé par mes cours d'histoire et d'anthropologie, raconte-t-il. J'ai ensuite fait un MBA à l'Université Western, parce qu'il me fallait un diplôme. Puis j'ai travaillé sept ans en Europe pour des maisons d'édition. J'ai rencontré une Québécoise et lorsque mes factures de téléphones sont devenues plus importantes que mon salaire, je suis rentré.» Il trouve rapidement un emploi chez Gallimard, et, en 1983, rejoint son père et son frère aîné au sein de l'entreprise familiale, le deuxième plus important distributeur de journaux, magazines et livres du Canada.

D'abord directeur de la division livre, il travaille à l'aboutissement de plusieurs acquisitions. Il se charge de l'implantation des systèmes informatiques internes. Il a également été directeur des opérations de l'est du Canada et de l'Ouest américain. «Depuis un certain nombre d'années, je me demandais: «est-ce que c'est tout?», poursuit-il. Mais j'avais ma famille, la plus importante chose dans ma vie. Quand mes deux enfants sont partis du nid, je me suis dit que c'était mon tour. J'ai ressenti le besoin de faire quelque chose pour mon âme. J'ai voulu remettre à la société qui m'avait tellement donné.» En 2006, il quitte les Messageries de presse Benjamin.

Après quelques mois à déprimer puis à retaper sa maison dans les Cantons-de-l'Est, il prend son sac à dos et part au Guatemala où il passe un mois et demi à marcher. Au dernier jour de son voyage, à Antigua, il tombe sur une affiche annonçant un festival du chocolat et voit le nom d'un conférencier croisé dans sa jeunesse. Par le hasard de ces retrouvailles, il commence à travailler pour Choco Guate Maya, une ONG qui oeuvre au développement de l'économie locale des tribus de Mayas. «Je suis devenu VP senior et j'ai travaillé avec les Mayas Tzotzil à développer les marchés et à obtenir les certifications de commerce équitable et biologique», raconte John Benjamin. Après un an, il revient à Montréal, son père étant malade.

Cette première expérience en coopération l'amène ensuite à devenir consultant pour CESO-SACO, une ONG canadienne oeuvrant avec des volontaires au développement social et économique au Canada et à l'étranger. Ce volontariat l'amène en Serbie et en Ukraine.

Haïti

Le 12 janvier 2010, la terre tremble en Haïti. John Benjamin, qui n'a pourtant jamais mis les pieds dans ce pays, est bouleversé et se dit qu'il doit y aller. Il se joint au Programme de coopération volontaire à Haïti pour aider la chambre de commerce du département d'Artibonite, aux Gonaïves, à créer des emplois. «En faisant l'analyse de leurs projets, j'ai réalisé qu'il fallait aller dans une autre direction, explique-t-il. J'ai passé du temps au sein des entreprises et réalisé qu'elles avaient des problèmes de formation.» Au cours de l'hiver 2011, il a passé deux mois là-bas à donner des cours de formation et de montage de plan d'affaires.

Aujourd'hui, John Benjamin attend sa prochaine mission. On lui a proposé d'aller en Côte d'Ivoire, mais il y avait à ce moment-là une guerre civile. «Je ne suis pas pépère, mais je suis prudent, dit-il en riant. En fin de compte, l'argent, qu'est-ce que c'est? Aujourd'hui, je fais ce qui me satisfait.»