À quelques jours de sa participation au prestigieux Forum économique de Davos, aux côtés de Donald Trump, Emmanuel Macron, Justin Trudeau et autres leaders internationaux, le premier ministre de l'Inde envoie un signal fort au reste du monde.

La semaine dernière, Narendra Modi a ouvert toute grande la porte aux étrangers qui convoitent l'un des secteurs les plus prometteurs de la deuxième économie d'Asie.

Il est dorénavant possible pour les investisseurs étrangers de détenir 100 % d'une chaîne de magasins « monomarque » en Inde, sans obtenir au préalable l'accord du gouvernement, alors qu'ils étaient jusqu'ici limités à une participation de 49 %.

Du coup, les géants comme Gap, Apple ou, pourquoi pas, des détaillants canadiens pourront tenter leur chance sur ce marché gigantesque de 1,2 milliard d'habitants. Pour le moment, des restrictions demeurent pour les commerçants multimarques.

Voici pourquoi ce geste d'ouverture significatif pourrait attirer nos commerçants au pays de la méditation : 

Un énorme potentiel

Le commerce de détail - une affaire de 641 milliards US en 2016, selon l'India Brand Equity Foundation (IBEF) - est un marché plus petit que celui de la Chine (près de 800 milliards US). Mais, selon la firme McKinsey, la population indienne, plus jeune, lui permettra de croître de 10 % par an pour atteindre 1600 milliards US en 2026, soit plus que la Chine et plus de trois fois la taille actuelle du marché canadien.

Un «territoire vierge»

En Inde, les petites échoppes de quelques mètres carrés, appelées « kiranas », assurent l'essentiel du commerce de détail. Le secteur de la distribution dite « organisée » ne représente que 9 % du marché.

Dans ce pays encore marqué par une grande pauvreté, le commerce est en effet dominé par 12 millions de petits marchands qui n'ont pour ressources que leur talent de vendeur et leur détermination. Les codes à barres ? Le paiement électronique ? La gestion informatisée des stocks ? Totalement inconnus pour la grande majorité d'entre eux.

Ce qui a déjà fait dire à la firme indienne KSA Technopak que l'Inde est « le dernier grand territoire vierge » pour les grands détaillants.

Ce gigantesque bazar est néanmoins le plus grand secteur de l'économie indienne, représentant 10 % du produit intérieur brut (PIB).

Le joyau: le commerce en ligne

Or, le joyau le plus convoité par les investisseurs étrangers pourrait bien être le commerce en ligne.

Selon l'IBEF, ce segment du marché est encore relativement jeune et petit en Inde, mais il croît rapidement. Si bien qu'il devrait être équivalent au marché traditionnel « physique » d'ici cinq ans.

Le commerce électronique entre entreprises (« B2B ») est également très prometteur, étant appelé à croître de 20 % par an pour atteindre 700 milliards US d'ici 2020.

La main tendue aux étrangers

Les mesures d'ouverture de Narendra Modi s'inscrivent dans un plan plus vaste de son gouvernement visant à attirer les capitaux étrangers.

Auparavant, New Delhi a partiellement élargi le champ des investissements directs étrangers (IDE) aux secteurs de la défense, des assurances et des services de communication à domicile (télévision, internet) notamment. S'ajoutait, la semaine dernière, le courtage immobilier - un autre secteur en croissance.

« L'administration Modi souhaite que l'Inde soit reconnue comme la destination la plus accueillante de la planète pour les investisseurs étrangers », de dire The Times of India.

Cependant, des contraintes demeureront pour les investisseurs étrangers attirés par le commerce de détail. Par exemple, les géants comme Apple devront, après cinq ans, s'approvisionner en Inde pour au moins 30 % de leurs produits vendus en magasin, ce qui risque de leur compliquer la vie. Mais qui peut résister à l'appel de 1,2 milliard de clients...

Bientôt la cinquième économie mondiale

L'Inde deviendra en 2018, grâce à une croissance prévue de 7,4 %, la cinquième économie de la planète, devant la France et le Royaume-Uni, prédit le Centre for Economics and Business Research, un cabinet de consultants établi à Londres. Actuellement septième, l'économie indienne pourrait même briguer la troisième place en 2032, devançant le Japon. La deuxième puissance asiatique a subi un brusque ralentissement au début de 2017, après que le premier ministre Narendra Modi a décidé, en novembre 2016, de retirer de la circulation les billets de banque de grande valeur et de lancer une réforme fiscale. La croissance a ralenti à 5,7 % (taux annuel) au milieu de l'année... avant de rebondir à 6,3 % cet automne (troisième trimestre).