Le panier d'épicerie coûte plus cher qu'en début d'année. Mais on constate des inégalités notables entre les enseignes. Alors que la hausse est de 0,6% chez IGA, elle atteint 5,2% chez Metro, même si l'épicier interdit à ses fournisseurs d'augmenter leurs prix.

Hormis les Walmart Supercentre, tous les supermarchés analysés en Ontario et au Québec ont augmenté leurs prix, révèle une étude publiée par BMO Marchés des capitaux la semaine dernière.

Son auteur, Peter Sklar, un spécialiste de la vente au détail, précise que les enseignes à prix réduits du Québec (Maxi et Super C) ont été moins enclines à faire subir leurs hausses de coûts aux consommateurs que les enseignes traditionnelles. «Cela s'explique peut-être par la multiplication des supermarchés dans les Walmart», croit-il.

En d'autres mots, la concurrence plus accrue dans le créneau de la vente au rabais décourage Maxi et Super C - qui veulent conserver leurs parts de marché - d'augmenter leurs prix.

D'ailleurs, pour faire sa place dans le marché québécois, le géant Walmart semble être prêt à faire des sacrifices dans sa marge de profit: ses prix ont chuté de 0,2% depuis janvier.

La situation est différente en Ontario, où Walmart exploite des supermarchés depuis plus longtemps. Tant Metro que Loblaws et Sobeys ont augmenté les prix dans leurs enseignes de vente au rabais. L'envolée atteint 7,1% dans les No Frills et les Real Canadian Superstore (de Loblaw), 4,9% dans les Food Basics (Metro) et 2,4% dans les FreshCo (Sobeys). Cela fait dire à Peter Sklar que ce n'est plus vrai que la concurrence est plus féroce en Ontario, comme cela a longtemps été le cas.

Lettre aux fournisseurs

Les supermarchés subissent de l'inflation «surtout à cause des fruits et légumes et de la viande», qui leur coûte plus cher en raison «de la faiblesse du dollar canadien et d'autres facteurs», indique l'étude de BMO. Ces «autres facteurs» ne sont pas précisés, mais on sait que le prix du boeuf et du porc explose depuis des mois à cause de l'offre insuffisante.

Dans ces circonstances, les détaillants tentent de minimiser leurs hausses de coûts. Metro avait envoyé une lettre à ses fournisseurs l'automne dernier, les avisant d'un gel de prix pour l'ensemble de l'année 2014.

«Le marché canadien étant de plus en plus compétitif, Metro exige d'être traité équitablement relativement à toute hausse de prix coûtant. Ainsi, mis à part les produits réglementés et les produits de pure commodité (blé, lait, boeuf, porc, fruits et légumes), toute hausse de prix sera refusée», indique la missive, dont La Presse a obtenu copie. Le détaillant précise qu'il acceptera de faire des exceptions, si le fournisseur peut «démontrer clairement que cette hausse est justifiée en raison du coût des matières premières».

Aucune augmentation acceptée

Sobeys (IGA), l'enseigne qui a le moins augmenté ses prix cette année, avait même forcé ses fournisseurs à réduire leurs prix, en fin d'année.

«Afin de favoriser la hausse des ventes et d'améliorer notre productivité interne, nous comptons tirer parti au maximum de la consolidation de nos activités. À cette fin, tous les fournisseurs devront nous consentir un taux d'économie de synergie de 1%», peut-on lire dans la lettre datée du 24 décembre.

Le rabais s'appliquait à tous les produits d'épicerie de marques nationales et maison. Du même souffle, Sobeys avait précisé qu'aucune augmentation de coût des produits en 2014 ne serait acceptée, «à l'exception des produits pharmaceutiques et des matières premières».

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Les enseignes de vente au rabais osent moins augmenter leurs prix

Enseignes à prix réduits

Walmart - 0,2%

Maxi + 1,1%

Maxi & Cie + 2,0%

Super C + 2,4%

Enseignes traditionnelles

IGA + 0,6%

Provigo + 3,8%

Loblaws + 4,2%

Metro + 5,2%