Un gros canon républicain du Congrès américain vient de lancer une mise en garde au Canada dans le dossier de l'ALENA. Négociez rapidement et «de bonne foi», comme l'a fait le Mexique, sans quoi vous en paierez le prix.

Steve Scalise, le «whip» républicain de la Chambre des représentants, a publié mardi après-midi un communiqué sans équivoque pour exhorter le Canada à accélérer la cadence.

«Maintenant que l'administration Trump a complété une nouvelle entente commerciale avec le Mexique, et continue ses négociations pour une entente améliorée avec le Canada, il y a une frustration grandissante chez plusieurs membres du Congrès au sujet des tactiques de négociation canadiennes», a-t-il écrit.

Plusieurs élus américains estiment que le Canada ne semble pas «prêt» ni «enclin» à faire les concessions nécessaires à la signature d'un nouvel accord plus «juste», souligne M. Scalise.

Pression grandissante

La pression est forte à Washington, tout comme à Mexico, pour conclure une version modernisée de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avant la fin du mois.

Le Mexique et les États-Unis ont bouclé il y a trois semaines un accord provisoire, mais le Canada estime ne pas avoir à signer coûte que coûte une entente qui lui serait défavorable. 

Le premier ministre Justin Trudeau, tout comme la ministre des Affaires étrangères, l'ont répété sur plusieurs tribunes au cours des dernières semaines. Une attitude inacceptable au yeux de Steve Scalise, le numéro trois républicain à la Chambre des représentants.

«Le Mexique a négocié de bonne foi et avec célérité, et si le Canada ne coopère pas dans les négociations, nous n'aurons d'autres choix que de considérer des options sur la meilleure façon d'aller de l'avant et de protéger les travailleurs américains», a-t-il écrit mardi.

Freeland ne bronche pas

En point de presse à Ottawa quelques minutes avant la publication de ce communiqué incendiaire, Chrystia Freeland a répété que le Canada ne signerait pas n'importe quoi. 

«Nous croyons absolument qu'une absence d'entente est meilleure qu'une mauvaise entente», a-t-elle lancé.

«N'importe quel négociateur qui débuterait une négociation en croyant qu'il ou elle doit obtenir une entente à tout prix est un négociateur qui sera forcé de payer le prix maximum pour cette entente», a ajouté la ministre.

Chrystia Freeland se rendra mardi soir à Washington pour prendre part à la quatrième semaine de pourparlers intensifs au sujet de l'ALENA. Elle soutient que le Canada s'est montré «extrêmement coopératif» depuis le début des négociations.

La ministre a refusé de commenter la teneur des discussions. Elle et son homologue américain Robert Lighthizer se sont engagés à ne pas négocier sur la place publique, après plusieurs fuites médiatiques disgracieuses au cours des dernières semaines.

Une discrétion partagée par Justin Trudeau mardi après-midi, pendant un bref point de presse au Parlement. 

« On va pas négocier en public, comme vous savez, mais on est là de bonne foi, a avancé le premier ministre. On est en train de chercher à comment établir un accord qui sera gagnant-gagnant des deux côtés.  Mais comme j'ai dit, on va accepter un bon accord pour le Canada, pas n'importe quel accord. »

Nombreuses inquiétudes

Pour l'heure, les producteurs laitiers du Canada se montrent vivement inquiets des concessions qui pourraient être faites par Ottawa à la table de négociations au sujet du système de gestion de l'offre. 

Ils craignent que le gouvernement Trudeau donne un accès accru aux producteurs américains, comme il l'a fait dans le cadre de deux accords de libre-échange récents avec l'Europe et l'Asie.

Une vaste coalition de producteurs laitiers fera valoir son point de vue en conférence de presse mercredi matin à Ottawa.