Calme plat à la Micro Boutique. Cohue chez Old Navy, où se déroule un grand solde d'articles à 5$. À trois jours de Noël, l'ambiance était en demi-teintes jeudi matin au Centre Eaton du centre-ville de Montréal.

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«On n'a pas fait de très bonnes ventes par rapport à l'an dernier, c'est un peu plat», a confié un employé de la Micro Boutique, où les iPads, ordinateurs portables et autres gadgets électroniques trônent sur les présentoirs.

«On a eu une super grosse deuxième semaine de décembre; on est très peu affectés par les aléas de la macro-économie», a pour sa part indiqué Benoit Groulx, assistant-gérant de Games Workshop, qui vend des jouets à assembler soi-même.

Les commentaires mitigés recueillis au Centre Eaton sont à l'image des rapports publiés cette semaine au pays: tout en contrastes.

Mercredi, Statistique Canada a fait état d'une hausse de 1% des ventes au détail en octobre, deux fois plus forte que la prévision des experts. Le Conference Board a ensuite jeté une douche froide hier en confirmant le plongeon de l'indice de confiance des consommateurs.

L'indice, calculé chaque mois, a chuté à un creux de deux ans et demi en décembre. Les Canadiens sont particulièrement réticents à faire de gros achats comme un électroménager, un téléviseur plasma ou une voiture.

Ainsi, 54,3% des répondants sondés par le Conference Board estiment que le moment serait mal choisi pour faire une dépense importante. C'est un bond de 3,5% par rapport à novembre - et de plus de 10% en un an.

«On avait espoir que les choses reviennent un peu plus fort au Canada...», a reconnu Pedro Antunes, directeur des prévisions économiques au Conference Board du Canada, en entretien à La Presse Affaires.

Cette réticence à dépenser s'explique par une anxiété économique de plus en plus répandue d'un océan à l'autre.

De plus, 17,3% des Canadiens s'attendent à ce que leur situation financière empire au cours des six prochains mois, une augmentation de 2% par rapport à novembre.

Selon Pedro Antunes, cette situation laisse présager des dépenses de consommation plus faibles dans les premiers mois de 2012.

Partout au pays

L'indice de confiance, un outil utilisé depuis 1960, a baissé de 6,5 points en décembre pour s'établir à 69,9 points. Il a reculé dans toutes les régions du pays, et de façon particulièrement abrupte dans les Maritimes.

Le repli s'est élevé à 19,4 points dans les provinces de l'Atlantique, portant l'indice à 65 points. La «jubilation» qui a suivi l'attribution de contrats maritimes de 25 milliards de dollars à la société Halifax Shipyard aura été de courte durée dans la région, résume le Conference Board.

L'indice a fléchi de 4,8 points au Québec, pour s'établir à 64 points, et de 6,2 en Ontario, à 60,6. La Colombie-Britannique a enregistré une baisse de 10,4 points, à 73,6.

Le recul le plus faible a été observé dans les Prairies (-1,6 point), où l'indice demeure nettement plus élevé qu'ailleurs au Canada, à 97,2 points. Les prix élevés du pétrole continuent de stimuler l'économie de l'Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan, propulsant du coup la confiance de leurs résidants, a souligné le Conference Board.

«À l'exception des Prairies, les niveaux de confiance sont revenus à peu près où ils se situaient pendant la récession», indique le rapport.

Hausse aux États-Unis

Pendant que la confiance s'effondre au Canada, elle poursuit sa hausse aux États-Unis. L'indice mensuel calculé par l'Université du Michigan a affiché en décembre sa quatrième hausse d'affilée, à 69,9 points, a-t-on appris hier.

Un autre indicateur, l'indice de «confort» des consommateurs de Bloomberg, a enregistré cette semaine son plus fort gain hebdomadaire depuis janvier 2011. Cet outil - qui prend en compte de l'état de l'économie, le climat de consommation et les finances personnelles - se situe aujourd'hui à un sommet de cinq mois.

«Le rythme plus lent des licenciements et une stabilisation générale du marché de l'emploi semblent expliquer ce regain du sentiment de confiance des consommateurs», a dit Joseph Brusuelas, économiste principal de Bloomberg LP à New York, cité par l'agence.