D'ici 2030, l'Asie deviendra le centre de gravité de l'économie mondiale. Le Canada, s'il veut profiter de la manne en provenance de ce coin du monde, doit resserrer ses liens politiques et économiques avec la Chine, le moteur de l'Asie émergente, affirme une étude réalisée pour le compte du Conseil canadien des chefs d'entreprise (CCCE).

Le Canada peut y arriver en s'inspirant de l'Australie, qui s'est dotée d'une stratégie spécifique pour l'Asie il y a une génération, en se joignant aux négociations visant à conclure un Partenariat transpacifique (PTP) ou en concluant des accords commerciaux avec des pays de l'Asie.

Sans ce changement de cap, le Canada continuera d'être un participant «marginal de cette grande mutation» économique et demeurera tributaire de ses relations commerciales avec les États-Unis, condamnés à devenir une puissance économique «plus modeste», ajoute aussi l'étude réalisée par l'économiste Wendy Dobson, professeure au Rotman School of Management de l'Université de Toronto.

Selon cette étude qui sera dévoilée aujourd'hui et qui s'intitule «Le Canada, la Chine et l'Asie émergente, proposition d'une stratégie», le Canada a perdu du terrain au cours des cinq dernières années et le gouvernement Harper doit adopter une stratégie asiatique à long terme pour renverser la vapeur.

«La réputation du Canada en Asie s'est quelque peu ternie depuis quelques années parce que nous avons négligé les relations bilatérales et les institutions régionales. Les Canadiens implantés dans la région se font souvent dire que nous ne sommes pas fiables. Quand ils se présentent sur le terrain, les gouvernements et les entrepreneurs canadiens ont des exigences sans commune mesure avec leur importance et, bien souvent, ils n'y donnent pas suite», soutient Mme Dobson dans son étude.

Selon elle, le Canada devrait emboîter le pas à l'Australie en se dotant d'une stratégie à long terme. Il y a une vingtaine d'années, les gouvernements australiens, quelles que soient leurs couleurs politiques, ont cultivé des relations personnelles aux plus hauts niveaux, et ont mis l'accent sur la diplomatie, l'éducation et la recherche dans leurs relations avec les grandes économies. En outre, l'Australie a négocié des accords de libre-échange bilatéraux avec les pays comme le Japon, la Corée du Sud et la Chine.

Le Canada devrait aussi envisager de participer aux négociations du PTP, qui se veut un accord général de libre-échange de niveau supérieur et ouvert à toutes les économies du Pacifique. Le PTP comprend déjà les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Pérou, le Vietnam, le Chili, le Singapour et le Brunei.

Mais, pour accéder à ce groupe, le Canada devrait abandonner certaines pratiques commerciales comme la gestion de l'offre, une pratique que refuse d'abandonner le gouvernement Harper et à laquelle tient le Québec. Le Canada devrait aussi assurer une meilleure protection de la propriété intellectuelle.