Pas facile de continuer à prendre soin de ses employés quand la récession frappe. Mais il y en a pour qui la chose est primordiale. En font foi les entreprises qui figurent au palmarès 2010 des 50 employeurs de choix au Canada. Cet exercice, tenu pour la 11e année consécutive par les consultants en ressources humaines Hewitt & Associés, prouve hors de tout doute qu'il est possible de mobiliser ses troupes même en temps de crise.

L'étude annuelle des Employeurs de choix au Canada sert à mesurer, d'un océan à l'autre, la mobilisation des employés, qu'ils soient cadres ou journaliers; syndiqués ou pas. Elle permet de savoir quelles entreprises multiplient les efforts pour prendre le pouls de leurs troupes et, ultimement, apporter des correctifs quand cela s'impose. Sept entreprises dont le siège social est situé au Québec ou ayant une prédominance d'employés dans la Belle Province ont obtenu une place parmi les 50 récipiendaires canadiens.

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«Les organisations qui sont parmi les employeurs de choix, et qui étaient mobilisées avant la récession, ont non seulement maintenu leur niveau de mobilisation, mais elles ont connu une petite augmentation à cet égard. Cela vient consolider les théories relatives au développement organisationnel», explique Marie Pinsonneault, associée principale chez Hewitt et responsable des opérations et du développement d'affaires pour Montréal et l'est du Canada.

Pour l'exercice 2010, Hewitt & Associés a sondé 106 organisations (comparativement à 145 l'an dernier) d'un bout à l'autre du Canada, dont 12 au Québec. Environ 108 000 employés et 1200 dirigeants ont pris part à l'étude. L'indice moyen de mobilisation, c'est-à-dire la mesure de l'engagement émotif et intellectuel d'un employé envers l'organisation pour laquelle il travaille, a augmenté, passant de 76% à 80%.

«Ce qui est intéressant, c'est que tous les secteurs de l'économie sont représentés parmi les participants. Autant ceux qui ont été moins touchés par la crise que ceux qui l'ont été un peu plus. Ça démontre que les organisations qui se préoccupent de la mobilisation de leurs employés n'ont rien changé à leurs pratiques. Il y en a bien sûr qui ont changé leur façon de faire, par exemple, parce qu'elles avaient moins de budget, mais le focus était là», analyse Daniel Drolet, actuaire, conseiller en ressources humaines agréé et coordonnateur de l'étude pour le Québec.

Dans son étude, réalisée à l'aide de questionnaires, Hewitt utilise 18 leviers afin de mesurer la mobilisation des employés dans les entreprises. Le leadership, la reconnaissance, l'environnement physique et autres avantages sociaux en font partie. Au bout du compte, l'étude sert à évaluer trois comportements: «dire», «demeurer» et «se dépasser».

«Ce qu'on a observé chez les 50 employeurs de choix, par rapport aux autres organisations, c'est que ces trois dimensions-là (dire, demeurer, se dépasser) ont augmenté. On peut penser qu'en temps difficiles, le «demeurer» augmente parce que les gens ont moins de possibilités d'aller travailler ailleurs. En même temps, le «dire» est plus fort; les gens parlent encore plus positivement de leur organisation que l'année d'avant. Quant au «se dépasser», c'est-à-dire le fait de contribuer au succès de l'entreprise, il a lui aussi augmenté. Dans les autres organisations qui ne se sont pas classées, le «dire» et le «se dépasser» ont baissé, tandis que le «demeurer» est resté stable», dit Daniel Drolet.

Cette année, sept organisations québécoises figurent au palmarès, soit une de moins qu'en 2009. Se classant au 5e rang (même score que l'an passé), la firme d'ingénierie CIMA " est la grande championne. Dans l'ordre, les autres lauréats québécois ou avec une prédominance d'employés au Québec sont le cigarettier JTI-MacDonald (7e rang); le cabinet d'avocats Stikeman Elliott LPP (12e rang); l'assureur The Co-operators (L'Union Canadienne) (18e rang); la pharmaceutique Novartis Pharma Canada (29e rang); le gestionnaire et propriétaire de centres commerciaux Ivanhoé Cambridge (31e rang) et le géant de la téléphonie Ericsson (37e rang).

De ces sept sociétés, JTI-MacDonald est celle qui détient le record de longévité avec neuf apparitions (en dix tentatives) parmi les 50 meilleurs employeurs de choix au Canada. L'Union Canadienne (filiale de The Co-operators) en est à sa septième présence au palmarès. Quant à Ivanhoé Cambridge, c'est la sixième fois qu'elle se classe.

CIMA + en est à sa quatrième présence. La championne québécoise s'est donné cinq ans pour obtenir la première place, détenue cette année par la firme de construction albertaine PCL Constructors. «Nous occupons la cinquième position comme l'an dernier. Cela s'explique entre autres par le fait que nous sommes passés de 1200 à 1600 employés cette année. Aussi, dans notre croissance, nous avons nommé de nouveaux leaders qui n'avaient peut-être pas les qualités requises. Pour moi, un leader doit aussi être un «cheerleader», c'est-à-dire qu'il doit être capable de s'occuper et d'encourager son monde», explique Kazimir Olechnowicz, président et cofondateur de CIMA +.

L'étude des Employeurs de choix a encore de beaux jours devant elle. Lorsqu'il y a pénurie de talents, les entreprises ne ménagent aucun effort pour se faire invitantes. «Avant la récession, la pénurie de talents était déjà très, très évidente. Les gens de talents étaient sollicités plusieurs fois par année. La récession nous a un peu fait oublier ce phénomène-là, mais dès que l'économie va revenir, ça va recommencer», fait remarquer Marie Pinsonneault.

UNE ÉTUDE QUI FAIT DES PETITS

La création il y a 11 ans de l'étude des 50 employeurs de choix au Canada par la firme de consultants en ressources humaines Hewitt & Associés a fait des petits. Défi Meilleurs Employeurs, Top 30 Canadian Great Places to Work et autres Canada's Top 100 Employers ont fait leur apparition au cours des dernières années au pays de l'unifolié.

«Ce qui est distinctif avec notre palmarès, c'est qu'on veut savoir comment les employeurs traitent leurs employés. Que font-ils dans leur organisation? Le palmarès de Hewitt est basé sur l'opinion des employés et non sur des résultats d'affaires ou des profils de haute direction», explique d'entrée de jeu Daniel Drolet, actuaire, conseiller en ressources humaines agréé et coordonnateur pour le Québec de l'étude de Hewitt.

Sans pour autant chercher à dénigrer les autres palmarès, les gens de Hewitt affirment être une référence en la matière. «On ne donne pas des gratifications pour se faire des amis. C'est un processus qui est rigoureux, où tout le monde est sondé. C'est un outil-diagnostic organisationnel qui va permettre aux entreprises d'avoir une analyse en profondeur de ce qu'elles sont, vers où elles vont et vers où elles devraient aller», dit Marie Pinsonneault, associée principale chez Hewitt et responsable des opérations et du développement d'affaires pour Montréal et l'est du Canada.

«Ça demande énormément d'investissements à l'interne en temps et en efforts de ressources humaines. On se fait régulièrement demander de modifier notre sondage, de le rendre plus facile. Mais personne ne gagnerait à avoir un logo qui n'est pas mérité», conclut Daniel Drolet.